Madagascar: Une politique prudente merina à Mahajanga

Le commandant Fournier du Victor, qui accomplit en 1852 une visite de routine sur la côte Nord-ouest de Madagascar, en particulier dans la baie de Bombetoka, en fait la description (lire la précédente Note). Comme le souligne, Christian G. Mantaux, il insiste sur la pointe Anoron'Ambato qui domine la baie et où se trouvent à l'époque un fortin de faction et le fort qui abrite le village ou la garnison merina.

Celle-ci ne compte pas plus de deux cents éléments, indique le commandant Fournier. Mais autour de la baie, on en compte un millier, occupant six à huit postes de vingt cinq, de cent et de deux cents hommes. Ce second fort est défendu par plusieurs pièces de canon.

En 1852, le gouverneur merina de Mahajanga est Rainimamonjy, 13 honneurs. D'après Fournier, âgé de 60 ans, parlant assez bien l'anglais, ce dernier n'occupe sa fonction que depuis trois mois.

" On prétend qu'il est venu prendre possession de son gouvernement en grand apparat et escorté de quatre mille soldats hova lesquels, après son installation, sont retournés à Tananarive. On le dit très aimé et bien disposé pour les Blancs ainsi que pour les Sakalava soumis. "

Son prédécesseur- Rabemila également appelé Rainisoa est exilé à Anorotsangana- aurait encouru la haine de la reine Ranavalona, première du nom, pour trois principales raisons. La première est qu'il a trop maltraité les Sakalava soumis. La deuxième est qu'il n'a pas usé d'une assez grande vigilance et s'est laissé surprendre à plusieurs reprises par les Sakalava de l'Ambongo venus " lui voler du monde et des bœufs " jusqu'aux portes de Mahajanga. Et la troisième est qu'il a fait divers achats de canons sans l'agrément de la reine.

La politique de Rainimamonjy vis-à-vis des Sakalava, sans doute émanant de la Cour d'Imerina, diffère de celle de son prédécesseur. " Comprenant combien il importe au gouvernement hova de ménager ces redoutables voisins et de se les attacher si possible, il parait que Rainimamonjy saisit avec empressement toutes les circonstances qui se présentent de se les rendre favorables. " Ainsi, connaissant la discorde qui existe entre les chefs sakalava, il cherche à l'exploiter au profit de la cause merina.

Mais revenant au fort. La maison du gouverneur est bâtie au centre de l'enceinte. Elle est en bois et couverte de bardeaux. Une " vaste et belle avenue " qui part du débarcadère, traverse le village des Merina pour aboutir à la porte principale du fort.

Poursuivant sa description, le commandant Fournier mentionne que les villages arabe et sakalava sont placés " sous le fer et la sagaie des Hova ". Peu confiants dans les Arabes et encore moins dans les Sakalava, les Merina les ont toujours à l'œil.

Cette combinaison leur offre encore un autre avantage. " Dans un cas d'attaque et de surprises, les Arabes et les Sakalava se trouvant placés de manière à recevoir les premiers coups, les Hova auraient le temps de se préparer à la défense et de se retrancher derrière eux. "

Fournier décrit les deux villages comme " misérables à l'excès". La ville arabe s'élève sur les ruines de l'ancienne qui semblait autrefois jouir d'un commerce assez florissant. Hormis quatre ou cinq maisons en pierre et blanchies à la chaux, " tout le reste inspire la plus profonde compassion ".

Il en est de même du côté sakalava. " Lorsque quelques étrangers viennent à débarquer sur le rivage, vous voyez aussitôt les soldats hova se précipiter sur cette foule de malheureux que la curiosité attire, et les refouler à coups de bâton et de sagaies. "

À préciser qu'un Américain, un certain Monsieur Max, réside à Mahajanga à l'époque, depuis les années 1830, et parait jouir d'une très grande influence. " Tout commerce du pays se fait par lui. Il a le monopole. Il est à la côte Ouest ce que M. de Lastelle est à la côte Est. " Comme lui, il entretient de bons rapports commerciaux avec la reine. Et les Arabes et les Indiens qui traitent également à Mahajanga, sont moins ses rivaux que ses agents.

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