Maha Shivratree est l'une des célébrations les plus importantes du calendrier hindou.
Les dévots rendent grâce au dieu Shiva. D'après la mythologie, il a avalé du poison pour sauver l'humanité. De ce fait, les dévots convergent vers le Ganga Talao, à Grand-Bassin, pour récupérer de l'eau sacrée afin d'atténuer sa souffrance. Bon nombre s'y rendent en portant le kanwar en signe de dévotion et de sacrifice. Depuis plusieurs années, le groupe socioculturel d'Ecroignard fabrique des petits kanwars.Ils ont opté pour les petites structures, comme celles que portaient, jadis, leurs aînés.
Les constructions prennent, cette année, la forme du trishul, symbole des trinités dans l'hindouisme : création, préservation et destruction sur Terre. Ils seront au total 51 dévots avec leurs kanwars. Pourquoi 51 kanwars ? "Lord Shiva a porté le corps de Sati, se remémorant leurs moments de couple, et a parcouru l'univers avec lui. Lord Vishnu avait découpé son corps en 51 parties en utilisant son Sudarshana Chakra, qui est tombé sur Terre pour devenir des sites sacrés où tout le monde peut rendre hommage à la déesse. C'est pour cette raison que cette année on a décidé de faire 51 petits kanwars", explique Viki Fokeerchand, membre du groupe.
Les structures sont simples. Toutes tiennent sur une épaule. Les images des kanwarti (pèlerin transportant les kanwars) de cette association, marchant en file indienne vers le lac sacré, ont d'ailleurs marqué les esprits. "Nous nous sommes rendu compte que nous étions en train d'encombrer les rues et de freiner la circulation. Nous en avons discuté avec nos aînés afin de trouver une solution. Pour eux, s'encombrer d'une imposante structure n'est pas indispensable. Autrefois, les kanwars étaient des petites structures très simples servant à porter l'eau du lac sacré jusqu'à la maison", souligne le secrétaire Mayoor Sobron.
À Ecroignard, ce petit village du district de Flacq, situé entre Camp-Ithier et Bramsthan, tout le monde participe à la construction manuelle des kanwars, même les plus jeunes. Toutefois, petit ne veut pas nécessairement dire simple. Cette célébration est l'occasion pour ces habitants de ce village d'être créatifs et de se réaliser dans l'art. Pour leurs kanwars, ils ont choisi d'utiliser le principal symbole de l'hindouisme : le Trishul ou trident (une arme à trois pointes représentant diverses trinités, dont le passé, le présent, le futur). Le kanwar sera aussi équipé d'un Damru (l'instrument de la divinité Shiva, associé aux traditions tantriques. On dit qu'il a été créé par Shiva pour produire des sons spirituels par lesquels l'univers entier a été créé et régulé).
Pour Dev Ramsurrin, un ancien du groupe, il faut montrer plus de respect pour la fête de Maha Shivratree. Il conseille aux jeunes de porter des vêtements convenables pour le pèlerinage. Il est aussi important de porter un gilet fluorescent le soir par mesure de sécurité. Il faut montrer l'exemple aux futures générations.
Les pèlerins seront à Grand-Bassin ce jeudi pour prendre le chemin du retour. Ce pèlerinage est symbole de sacrifice et de dévotion envers le dieu Shiva. Les dévots recueilleront l'eau sacrée du lac. Qu'ils déverseront, au retour, sur le Shiva Linga du temple de leur localité samedi, durant les cérémonies marquant la grande nuit de Shiva. Dans les temples à travers l'île, les fidèles assisteront au Char Pahar ki Pooja, qui durera toute la nuit.