L'ancienne star de rugby Dennis Ombachi a annoncé publiquement souffrir de troubles bipolaires, une maladie caractérisée par une alternance d'épisodes d'exaltation et de dépression. Reconverti dans la cuisine, il cumule désormais les millions de vues pour ses vidéos de recettes sur Tik Tok.
Tournées depuis son balcon, les vidéos Tik Tok de Dennis Ombachi cumulent les vues. Plus de 40 millions pour une recette de poulet et de naans. Il vient même de remporter le prix 2022 de meilleur créateur de contenu en Afrique, décerné par le réseau social. Mais en 2021, c'est avec un autre genre de message que l'apprenti cuisinier fait le buzz. Il annonce alors sur Twitter avoir été diagnostiqué bipolaire.
" Quand j'ai publié le tweet, ma messagerie a été inondée de témoignages de personnes ayant connu des expériences similaires, demandant de l'aide. J'essaye juste d'être ouvert sur le sujet, si je peux aider même une personne, c'est déjà bien. On ne parle pas assez des questions de santé mentale dans cette partie du monde, il reste encore beaucoup de honte. J'ai pris plus de deux ans pour le dire à mes parents! "
Dennis Ombachi est aujourd'hui l'une des quelques célébrités au Kenya à parler ouvertement de santé mentale. L'ancien rugbyman a l'habitude des projecteurs. Que ce soit sur les réseaux sociaux ou lors de compétitions. Mais avant de pouvoir s'exprimer publiquement sur sa maladie, le parcours a été long.
" Ça n'a pas été facile. Il y a des périodes où j'étais dans le déni, j'abandonnais mes médicaments, je sombrais à nouveau... Je n'étais pas assez discipliné, sûrement parce que j'avais du mal à l'accepter. Mais j'ai envie de dire à ceux concernés : ça s'améliore. Il ne faut pas avoir peur d'en parler et d'aller chercher une aide professionnelle. "
Aujourd'hui, Dennis Ombachi appelle les fédérations sportives à mieux prioriser la santé mentale des athlètes. Et surtout à en parler plus ouvertement pour briser ce qu'il voit comme un tabou culturel au Kenya.
Car l'ancien athlète n'est pas un cas isolé. D'après l'Organisation mondiale de la santé, le trouble bipolaire touchait en 2019, 40 millions de personnes dans le monde, soit environ un adulte sur 150. Retraçant son propre parcours, Dennis Ombachi déplore que cette maladie reste mal-comprise au Kenya. Un manque de connaissance et de reconnaissance qui entraine de la stigmatisation des patients. C'est ce qu'a constaté Caroline Vundi, psychiatre au sein du groupe hospitalier Chiromo, à Nairobi, la capitale kényane.