Plus de trois semaines après son assassinat, l'émotion, la peur et la consternation sont encore présentes dans les lieux qu'il avait l'habitude de fréquenter.
Le 22 janvier dernier, Martinez Zogo, le journaliste de la radio privée Amplitude FM, était retrouvé mort à Ebogo 3, une périphérie de la capitale, cinq jours après son enlèvement.
Son assassinat survient après que le journaliste d'investigation a dénoncé plusieurs faits de corruption et de détournements d'argent public qui concerneraient des personnalités proches du sommet de l'Etat.
Les enquêtes en cours ont conduit à plusieurs arrestations, notamment dans les services de renseignement camerounais. Le propriétaire de médias, Jean Pierre Amougou Belinga, a été pour sa part interpellé le 6 février.
Entre espoir et craintes
Au quartier Elig Essono à Yaoundé : dans le hall de la radio Amplitude FM, l'ambiance est morose. Devant la photo de Martinez Zogo, des amis, des responsables politiques ou des curieux viennent se recueillir.
Pour le rédacteur en chef d'Amplitude FM, Charlie Aimé Tchouemou, la perte de Martinez Zogo a affecté tout le monde et perturbé bien entendu les programmes de la station.
"On a marqué pratiquement une semaine sans produire d'émissions. On diffusait uniquement de la musique religieuse. Après cela, nous avons repris mais en dents de scie parce que ça n'a pas été facile après cette découverte macabre", a-t-il déclaré.
Dans le studio de diffusion, Marie Noël Ndjamen a repris la présentation du journal du soir. Pour elle, c'est une façon de lui rendre hommage.
"Je n'ai pas perdu seulement un chef de chaîne, j'ai perdu un grand frère, j'ai perdu un père protecteur.Mais il faut bien qu'on continue le travail malgré la douleur, pour maintenir la radio au top où il l'a laissée. On a ce défi", a estimé la journaliste.
Un homme mystérieux
Dans le quartier omnisport, au lieu-dit Petits poissons, où Martinez Zogo avait l'habitude de se rendre pour se détendre, les habitués sont affligés par la disparition tragique de Martinez Zogo.
"Martinez Zogo était quelqu'un de mystérieux sur tous les plans. Il se méfiait énormément.Je n'ai pas de mots... Aujourd'hui, on est obligé d'accepter ce qui est arrivé", témoigne Serge Michael, un client qui croise souvent Martinez Zogo dans ce restaurant.
Le témoignage d'un employé travaillant au domicile du propriétaire de médias, Jean-Pierre Amougou Belinga, et de nouvelles perquisitions en fin de semaine dernière à l'immeuble Ekang, siège du groupe de presse l'Anecdote, ont conduit à l'arrestation de plusieurs collaborateurs du riche homme d'affaires Camerounais.
Il est incarcéré depuis une semaine dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de Martinez Zogo.