L'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) a publié mardi 14 février un nouveau rapport sur ce trafic entre Mauritanie, Mali, Burkina, Niger, Tchad. Il demande une prise de conscience des États pour tenter d'enrayer cette présence des armes.
Pas moins de 9300 personnes seraient mortes l'an dernier dans des violences au Sahel. Rébellions, banditisme, islamistes, tensions intercommunautaires : les sources de violences dans cette vaste région du nord de l'Afrique sont multiples et impliquent une quantité d'armes toujours plus importante.
Le rapport révèle que celles-ci viennent surtout du continent africain lui-même avec comme première source de circulation, les armes dites " déviées ". Elles sont le plus souvent volées aux forces nationales sur le champ de bataille, dans les armureries ou bien achetées à des agents corrompus.
Mais François Patuel, chef de l'unité recherche à l'UNODC, s'inquiète d'un nouveau phénomène, celui des États qui arment des civils pour combattre, comme au Burkina avec les Volontaires pour la défense de la patrie. Selon lui, ces gens souvent " sans formation sont très vulnérables et ciblés par divers groupes qui dérobent leurs armes ".
Une autre partie du trafic provient d'armes héritées d'anciens conflits comme les rébellions touarègues des années 90. Il existe aussi une production artisanale, avec un savoir-faire africain. Une source locale moins chère prisée de certains groupes comme chasseurs traditionnels ou milices communautaires.
Le trafic lui est facilité dans les zones où l'État est absent. Il existe des marchés à ciel ouvert, dans des villages près de frontières ou de routes de transport, comme Agazragane, au Mali.
Le rapport révèle enfin une certaine impuissance face à la taille du trafic. La plupart des saisies sont des petites quantités prises sur des individus passant la frontière. " Cela rend la traque d'autant plus difficile pour les États ", explique François Patuel.