Deux jours après l'expiration de l'ultimatum du chef d'état-major de Dan Nan Ambassagou, on ne se dirige pas vers un affrontement avec l'Etat malien.
Aucune action n'a été entreprise au Mali, deux jours après l'expiration de l'ultimatum lancé par le chef d'état-major de Dan Nan Ambassagou, un groupe d'autodéfense composé essentiellement de chasseurs dogons.
Youssouf Toloba avait pourtant donné aux autorités militaires de transition jusqu'à dimanche dernier pour réagir face aux attaques des groupes armés dans les zones de Bandiagara, Koro, Douentza ou Bankass, dans le centre du pays. Il avait affirmé que sans réponse adéquate de l'Etat malien, son groupe d'autodéfense envisageait des actions pour combler le vide laissé par l'armée.
Encore des violences
L'alerte de Youssouf Toloba, leader de Dan Nan Ambassagou, publié le 5 février dernier sur les réseaux sociaux, avait été prise très au sérieux par le mouvement Yerewolo debout sur les remparts (une organisation proche des militaires au pouvoir, ndlr).
Les violences n'ont pas du tout cessé dans les localités du centre du Mali. Le village de Dangaténé, dans le cercle de Koro, a été ainsi la cible d'une attaque la semaine dernière perpétrée par des hommes armés.
"Les groupes armés sont arrivés à Dangaténé jeudi dernier (9 février 2023) vers 15h, heure locale. Ils ont mis le feu aux deux côtés de l'école fondamentale de Dangaténé. Après cela, ils sont rentrés dans le village pour expliquer aux villageois qu'ils ne veulent plus voir sur le terrain les agents de l'Etat. Ils leur ont également demandé de fermer les églises. C'est, en quelque sorte, l'ultimatum lancé par les groupes armés aux villageois de Dangaténé" a expliqué à la DW Issa Goro, un habitant de Koro.
"Plutôt une interpellation"
48 heures après l'expiration de l'ultimatum du chef d'état-major du groupe d'autodéfense Dan Nan Ambassagou, Dramane Yalcouye, membre du bureau exécutif national de l'association culturelle Ginna Dogon, estime qu'il ne s'agissait pas vraiment d'un ultimatum.
"Son ultimatum a expiré. Il n'en est pas à son premier coup. C'était plutôt une interpellation à l'endroit des autorités afin que celles-ci prennent des mesures urgentes pour sécuriser les zones et pour que les groupes armés ne puissent pas prendre le dessus sur l'armée. Je crois que sa sortie s'inscrivait dans ce cadre-là. Après l'expiration de son ultimatum, il n'a pas réagi contre les autorités pour empêcher quoi que soit. Donc, cela montre qu'ils se sont entendus certainement, que les autorités ont pris des mesures. C'était plutôt une interpellation qu'une action pouvant nuire ou détériorer leur collaboration" assure Dramane Yalcouye
Contacté par la DW, Fousseyni Ouattara, membre de la commission défense au Conseil national de transition (CNT), n'a pas souhaité réagir à cette expiration de l'ultimatum de Dan Nan Ambassagou.
Le gouvernement malien semble pour l'instant préférer aussi ne pas aborder ce sujet.