Madagascar: Cours élémentaire

Des élèves qui refusent de chanter l'hymne national sous prétexte que la secte qu'ils vénèrent l'interdit. C'est un fait surréaliste qui s'est passé dans une école primaire publique.

Les maîtres d'école n'en croyaient pas leurs yeux. En 60 ans de carrière ils n'ont jamais vu ça. Surtout dans un bled perdu où l'obéissance et la discipline sont plutôt les premières sagesses. Mais depuis que l'instruction civique a été rayée du programme scolaire, il fallait s'attendre à ce genre d'insubordination. L'éducation est en train de marcher sur la tête. À force de mettre dans un même lit la religion et les affaires de l'État, on n'arrive plus à dissocier ce qui doit l'être. Les dix commandements s'apprennent mieux et vite que l'alphabet mais pas dans le bon sens. À moins que l'on y ait rajouté l'irrespect des symboles de la République.

Les faits singuliers qui ont tendance à contrarier l'autorité des enseignants ont tendance à se multiplier ces derniers temps. L'affaire d'un lycéen qui a perdu son smartphone haut de gamme pendant la séance d'éducation physique et qui a porté plainte contre son prof a défrayé les chroniques il y a deux semaines. Les enseignants ont dû faire bloc pour exiger le renvoi de l'élève. Une telle solidarité n'est pas toujours automatique au niveau du corps enseignant objet de toutes les brimades et des mauvaises conditions de travail. Mal payés, mal considérés, ils fournissent pourtant un travail extraordinaire parfois dans des écoles qui n'ont ni mur, ni toit ni banc.

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Eh oui c'est encore bel et bien une triste réalité dans quelques régions que les réseaux sociaux ont mis en évidence. La technologie a ceci de paradoxal qu'elle permet de mettre en lumière des réalités qui risquaient d'être à jamais méconnues s'il n'y avait pas internet pour les révéler au monde. C'est certainement la raison pour laquelle des écoles restent au niveau du Moyen Âge étant donné qu'aucune route n'y mène surtout actuellement et qu'aucune autorité n'y a mis les pieds depuis 60 ans.

Sans les réseaux sociaux, cette affaire d'Alakamisy Itenina serait complètement passée inaperçue et ignorée. Voilà pourquoi il est difficile de développer un immense pays où plusieurs régions sont encore déconnectées au propre comme au figuré. Et on oublie souvent que les voies de communication restent le premier levier du développement. On l'apprend en cours élémentaire.

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