Le glaucome touche de plus en plus de personnes. La prise en charge laisserait à désirer. Des victimes témoignent.
La vie de Célia, une sage-femme âgée de la cinquantaine d'années, bascule. Elle ne peut plus assurer l'accouchement qui est, pourtant, sa plus grande passion. Atteint du glaucome, elle a perdu sa vision, six mois après l'apparition des symptômes. " Ma vision a été floue, au début. Plus le temps passait, plus elle se détériorait. Il fut un temps où j'ai vu de l'obscurité. J'ai consulté de nombreux ophtalmologues privés et publics, mais, j'avais l'impression que la plupart d'entre eux négligeaient ma maladie. Il y a même eu une ophtalmologue qui m'a affirmé que la santé de mes yeux s'améliorait, alors que je ne voyais pas de semaine en semaine. Ils auraient dû m'orienter à la bonne porte, s'ils ne maîtrisaient pas la maladie, plutôt que de laisser mon état se dégrader. ", regrette ce major d'un centre hospitalier à Antananarivo, hier. Elle a vécu très mal cette perte de vue.
" J'avais des visions terrifiantes, au début. Je voyais des images de plusieurs rideaux, de plusieurs véhicules, des marionnettes, sous forme de pellicules. Si je n'étais pas forte, je serais devenue folle ", enchaîne cette femme.
Lucie, une sexagénaire qui vit à Antsirabe, a, également, été victime de faux diagnostics qui lui ont coûté la vue. Le traitement adéquat a commencé un peu tard pour elle. " Un médecin a évoqué de la sinusite, car elle avait très mal à la partie droite de sa tête et à son œil droit, au mois de novembre 2021. Puis, on a consulté un ophtalmologue qui a déclaré la présence de microbes dans ses yeux. Ce dernier lui a interdit de sortir de la maison, pendant vingt jours et lui a prescrit des médicaments. Mais il n'y a pas eu d'évolution. Ce n'est que plus tard que le glaucome a été diagnostiqué. Nous sommes montés à Tanà au mois d'août, pour chercher des solutions. Mais les spécialistes qui l'ont vu dans la capitale ont déconseillé l'intervention chirurgicale, vu son âge.", raconte sa fille.
Le glaucome gagne du terrain. De plus en plus de cas sont reçus par des ophtalmologues du centre hospitalier universitaire Joseph Ravoahangy Andrianavalona (CHUJRA). Les résultats d'une thèse présentée il y a quelques années, ont révélé que sur cent personnes, 50% des plus de 40 ans sont atteintes de cette maladie oculaire.