Le sélectionneur des Barea, Roro, a réalisé un exploit extraordinaire avec ses protégés en décrochant la troisième place et la médaille de bronze du Championnat d'Afrique des nations réservé aux joueurs locaux en Algérie. L'entraîneur national, nous livre son parcours.
Quelles sont les différences entre la préparation aux Jeux des Iles 2019, le Cosafa et celle du Chan?
C'est tout à fait différent. La préparation au Chan a été meilleure, les joueurs ont eu les matchs dans les jambes. Nous savons tous qu'il y avait le " partira, partira pas " pour le Cosafa et la délégation a été répartie en deux vagues. Le premier match a eu lieu à 14 heures et une partie du groupe a débarqué à l'hôtel à 9 heures alors qu'il y a encore eu la présentation et le contrôle de licences avant le match (... ) Quant aux Jeux des îles, j'en ai tiré des expériences. Nous savons que j'ai eu la troisième équipe nationale, outre celles pour la Can et le Chan. Certes, nous n'avons pas franchi la phase éliminatoire. Nous n'avons encaissé aucune défaite, mais éliminés après le tirage au sort car Madagascar, les Seychelles et Maurice ont été à égalité parfaite.
Quelles stratégies avez-vous utilisé pour arriver à ce stade, les demi-finales du Chan?
En termes de tactique, j'ai exploité mes expériences aux Jeux des îles et au Cosafa avec la sélection que nous avions. Nous avons joué deux matchs. 95% des joueurs sont arrivés à 9 heures alors que le match contre la Namibie s'est déroulé à 14 heures. Nous avons pu garder le score vierge jusqu'à la pause. Nous avons imposé notre jeu, mais les joueurs se sentaient fatigués en deuxième période. J'ai opté pour un jeu moderne, mais ils ont été épuisés. Nous avons eu des occasions, mais finalement nous avons été battus. Nous avons tenté d'appliquer la même tactique qu'en Algérie contre l'Afrique du Sud, mais cette dernière a été supérieure. Lors de la phase qualificative au Chan, nous avons considéré les matchs contre les Seychelles et le Botswana comme des finales. Certains ne sont pas satisfaits du résultat un partout contre le Botswana, mais notre principal objectif a été de nous qualifier, bien sûr, dans le suspense.
Quelles sont les améliorations à apporter, qu'est-ce qui nous a empêché de battre le Sénégal et aller en finale?
Il faut améliorer l'OPL, le championnat national. Les joueurs ont besoin de beaucoup de rencontres car le meilleur entraînement reste le match. Il faut aussi améliorer les conditions sociales des joueurs. Avec de meilleures conditions, ils pourront jouer un football de haut niveau, effectuer leur entraînement dans la sérénité et pourront par la suite progresser. Les techniciens, quant à eux, devraient approfondir leur savoir-faire et faire des recyclages systématiques... J'ai eu mon diplôme de licence A en 2015, j'ai suivi des stages de recyclage tous les ans jusqu'en 2020, le dernier à l'époque de feu Jean François Debon.
Quant au match contre le Sénégal, à mon avis, nous étions limités. Nous avons pensé pouvoir le faire, mais moi-même et les joueurs avons trouvé sur terrain que ce n'est pas si facile, devant le public, dans un stade plein à craquer et c'était la demi-finale d'une compétition de haut niveau contre le Sénégal qui a plus d'expériences. Techniquement, le but précoce sénégalais a bouleversé les joueurs. Nous avons toujours marqué en premier depuis le match contre les Seychelles et j'ai d'ailleurs rappelé cela depuis le premier match contre le Ghana. J'ai dit qu'il faut faire attention surtout pendant les quinze premières minutes. Au cas où l'adversaire marque en premier, il faut continuer à jouer sans pression. En plus, nous avons eu des contraintes face au Sénégal. Les consignes ne passaient pas à cause des bruits de vuvuzelas et des spectateurs. C'était seulement à la pause au vestiaire que j'ai pu donner les consignes, mais les joueurs ont voulu aussi être prudents et limiter les dégâts en deuxième mi-temps.
Point final sur le Chan, nous n'allons pas non plus parler de la Can. Êtes-vous prêts à poursuivre l'aventure aux Jeux des îles?
Je suis sous l'égide du directeur technique national, Rado Rasoanaivo. C'est la direction technique nationale et la fédération qui en décident. Je vais d'abord me reposer un peu. Dans le cas où l'on me confie la responsabilité, je l'accepterai avec humilité sans vouloir obliger ces responsables à prendre cette décision (... ) Après le parcours au Chan, nous voulons relever un autre défi en sachant que nous avons remporté la médaille d'or des Jeux des iles pour la dernière fois en 1993 (Seychelles). Personnellement, je n'ai pas pu faire mieux à Maurice en 2019, donc ce sera un autre grand défi pour moi. La pression sera évidemment au rendez-vous, d'autant que nous allons jouer à domicile. Je considère cela comme une motivation pour remporter la victoire. Et pour y arriver, il n'y a pas de secret, il faut travailler et toujours travailler, librement. Je respecte nos adversaires, les iles voisines, et les Comores sont d'ailleurs devenus un adversaire de taille depuis la dernière Can. Il nous faut juste une bonne préparation, à temps, avec le soutien de tous, et je pense que nous y arriverons car nous avons des joueurs talentueux
Vous étiez reçus en héros au retour, par vos compatriotes depuis l'aéroport au stade Barea, puis décorés par le président de la République. Comment avez-vous vécu ces moments?
J'étais à la fois étonné et très ému en tant qu'être humain. Je n'ai même pas pu retenir mes larmes (avec les larmes aux yeux en répondant). Je n'ai jamais pensé m'assoir à côté du président de la République, et par la suite décoré alors que nous avons eu ce résultat après tant de suspenses. Je le dis maintenant, je n'ai pas espéré atteindre la troisième place en quittant le pays ,même si j'ai toujours eu confiance en mes joueurs. Mais nous l'avons fait grâce à la cohésion et la solidarité de toute l'équipe. Jusqu'à présent, je me demande toujours si nous avons bien obtenu ce résultat, et maintenant nous vivons avec.
Après plus d'un mois loin de la famille, comment allez-vous célébrer la Saint-Valentin?
Depuis mon arrivée, ma femme m'accompagne là où je vais. Nous célébrons donc la Saint-Valentin tous les jours. Mais à vrai dire, nous ne célébrons pas ponctuellement cette fête.