Lors des débats au Sénat mardi 14 février, une élue de la coalition présidentielle, Gloria Orwoba, s'est présentée avec un costume blanc apparemment tâché de sang entre les jambes. La sénatrice est une militante très active pour obtenir la gratuité des protections hygiéniques féminines pour les jeunes filles pauvres.
Il a fallu une quinzaine de minutes d'échanges vifs, parfois brutaux, dans l'enceinte du Sénat kényan, pour que les débats puissent enfin commencer. En cause : la tache rouge visible sur le costume blanc de la sénatrice Gloria Orwoba et un rappel au règlement soulevé par plusieurs élus, parmi lesquels Tabitha Mutinda, pourtant membre de la même coalition présidentielle.
" En tant que femme et en tant que sénatrice, je trouve que c'est très inconfortable, très inapproprié, a-t-elle déclaré. On ne sait pas si elle est dans son cycle féminin naturel ou si c'est un coup de publicité. C'est très indécent. Notre société, notre culture féminine exige de l'intimité "
Malgré l'arbitrage tempéré du président Amason Kingi, l'agitation est montée dans les gradins, au point que le sénateur Enoch Wambua est allé encore plus loin : " Ce que la sénatrice a fait aujourd'hui à cette assemblée est une honte, c'est un affront à la présidence. "
Interpellée encore et encore, la sénatrice Gloria Orwoba a tenté de se défendre : " Voilà la stigmatisation des règles ! Ce sont des choses qui poussent nos jeunes filles au suicide ! Il y a une jeune fille qui s'est tuée à cause de ce que je subis aujourd'hui ! Et je comprends pourquoi maintenant. Je suis choquée d'entendre quelqu'un oser dire que cette assemblée a été souillée ! " Mais rien n'y a fait : le président Kingi lui a finalement poliment demandé de quitter l'enceinte du Sénat. Non pas pour " outrage ", mais " pour qu'elle puisse aller se changer ", a-t-il dit.