Sénégal: Reforme des curricula - Le Secrétaire Général National du SELS/A indique la voie à suivre

15 Février 2023

Il y a de cela quelques jours, des élèves des établissements publics scolaires ont protesté, pour réclamer la révision du programme scolaire qui, selon eux, est "lourd". Sur ce, le ministère de l'Education nationale a annoncé que le gouvernement s'est déjà inscrit sur cette lancée. Interpellé sur la question, le secrétaire général national du Syndicat des enseignants libres du Sénégal/Authentique (SELS/A), Pape Mbaye Marie Sylla, indique la voie à suivre.

"Réformer les curricula, c'est d'abord réviser les programmes en vigueur, plus précisément, les contenus d'enseignement-apprentissage qui, aujourd'hui, ne répondent plus aux préoccupations des apprenants. C'est la raison pour laquelle, d'ailleurs, les élèves sont sortis. Nous sommes à l'ère de la compétence et les compétences, qui sont installées par les enseignants, doivent permettre aux élèves de résoudre des problèmes de vie. C'est-à-dire les problèmes auxquels ils sont confrontés. Malheureusement, aujourd'hui, nous avons constaté que les connaissances qui sont enseignées, sont des connaissances qui sont trop générales, donc qui n'ont pas beaucoup d'utilité pour les élèves.

Pour le deuxième aspect également, je pense qu'il faut réviser pour prendre, aujourd'hui, en charge l'éducation aux valeurs. Tout le monde en parle. Nous avons constaté qu'il y a une crise de valeurs au Sénégal qui dépasse même les bornes. Nous devons mieux socialiser nos enfants, avec l'implication des parents, des médias.

Nous devons également, dans le même sillage, alléger les programmes qui sont très lourds pour les apprenants. Et la Covid-19 a également permis de voir qu'il est possible d'aller dans le sens que je viens d'indiquer. Parce que, lors de la Covid-19, tout le monde sait que les programmes ont été allégés. Il y a un socle minimal de connaissances qui a été donné aux enfants et c'est ce socle-là qui a permis aux élèves de 3e, de Terminale et de CM2 de faire leurs examens et d'avoir des diplômes qui sont quand-même de bons diplômes.

Donc, la Covid-19 a montré qu'il est possible d'alléger les programmes. Tous les contenus qui ont été élagués lors de la Covid-19, je les trouve inutiles parce que s'ils étaient utiles pour les enfants, on allait allonger l'année scolaire et non vraiment contracter le programme. C'est la raison pour laquelle, nous pensons qu'il est toujours possible de supprimer certains contenus, comme je l'ai dit tout à l'heure.

"SI ON REVISE LES PROGRAMMES, IL EST NORMAL QUE L'ON REVISE EGALEMENT LES EVALUATIONS... "

On ne peut pas également parler de Curricula, sans parler également d'évaluations ; c'est intimement lié parce que les évaluations que nous donnons, doivent être en congruence avec les contenus que nous enseignons. C'est la raison pour laquelle, si on révise les programmes, il est normal que l'on révise également les évaluations. Je pense également qu'il faut, si on révise programme et évaluation, revoir également les contenus des manuels scolaires qui sont des supports pédagogiques extrêmement importants.

Le dernier aspect, pour moi, c'est la formation initiale et continue des enseignants parce que les enseignants sont le premier intrant de qualité. Si on veut vraiment avoir de bons élèves, il nous faut de bons enseignants et pour avoir de bons enseignants, il nous faut également réviser les contenus de formation mais également respecter la durée de la formation des enseignants qui est de 9 mois. Mais, généralement, ils ne font qu'un trimestre de formation.

Je pense que dans cette affaire, il faut une bonne synergie. C'est-à-dire impliquer l'Institut national d'études et d'actions pour le développement de l'éducation, les Directions de l'Enseignement élémentaire, de l'Enseignement moyen secondaire, l'Inspection générale de l'Education et de de la Formation, les syndicats, les parents d'élèves, pour ne pas dire la société civile, mais aussi et surtout les apprenants. Parce que nous sommes dans un système où tout est centré sur l'élève lui-même. Donc, les élèves, dans cette affaire, doivent être présents et leurs préoccupations également doivent être prises en compte dans la mesure du possible."

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