Au Togo, la polémique autour de la gestion de l'argent destiné à combattre l'épidémie de coronavirus continue d'enfler.
Cinq organisations de la société civile ont réagi au rapport d'audit de la Cour des comptes, publié le 1er février. Dans une déclaration, elles annoncent vouloir déposer une plainte contre X auprès du procureur de la République. Et elles demandent la démission du gouvernement.
Le rapport de la Cour des comptes épingle d'importantes irrégularités dans l'administration du Fond de riposte et de solidarité Covid-19. Ce dernier avait été mis en place par le gouvernement au lendemain de la découverte du premier cas de coronavirus au Togo, en mars 2020, et avait notamment reçu le soutien de partenaires internationaux.
Entretien avec David Ekoué Dosseh, porte-parole du front citoyen "Togo debout", l'une des organisations signataires du document des organisations de la société civile. Il est aussi coordonateur de la branche togolaise du mouvement "Tournons la page".
Retranscription de l'interview
David Ekoué Dosseh : Le contribuable togolais a contribué justement en permettant à l'Etat d'investir beaucoup d'argent afin que les défaillances du système de santé puissent être colmatée d'une certaine manière, afin que ceux qui ont perdu leur travail puissent, d'une certaine manière également, recevoir un peu d'argent. Mais en se rend compte que tous ces sacrifices n'ont pas permis justement de répondre aux objectifs qu'on s'était préalablement fixés. On a le sentiment que des personnes ont profité de cette situation pour se mettre de l'argent dans les poches et cela est totalement inadmissible.
DW : Le gouvernement a réagi à la suite de la publication de ce rapport. Il a établi que la Cour n'avait pas parlé de malversation ou de fraude ...
David Ekoué Dosseh : Nous pensons que le gouvernement n'est pas dans son rôle. C'est à la justice de dire il y a des responsabilités ou s'il n'y a aucune responsabilité engagée d'une manière ou d'une autre. Ce communiqué, il est superflu, il n'apporte rien au débat.
DW : Est ce que vous entendez quand même l'argument du gouvernement selon lequel l'urgence qui était impliquée par le contexte particulier de la crise sanitaire a pu motiver certaines dépenses non éligibles?
David Ekoué Dosseh : Si la justice estime que ces dépenses qui ont été faites ont été faites à bon escient et même si ces dépenses n'ont pas suivi les procédures habituelles, nous sommes des êtres humains, nous pouvons comprendre. Mais si la justice démontre qu'il y a eu véritablement détournement, là il faudra vraiment que les responsabilités soient situées et que les sanctions soient prises. Et le gouvernement ne peut pas être à la fois acteur et juge.
DW : Est-ce que ce ne serait pas aux autorités en charge de la gestion de la crise du Covid 19 de rendre des comptes plutôt qu'au gouvernement de démissionner?
David Ekoué Dosseh : Vous savez, il est difficile de faire la part entre les autorités qui avaient à gérer la crise et le gouvernement. Pour nous, il est évident que les ministères étant concernés, il y a eu faillite. Et donc s'il y a eu faillite, il faut bien que les ministères, donc le gouvernement, rendent des comptes au peuple.
DW : Et vous faites confiance à la justice togolaise pour faire la lumière sur cette affaire ...
David Ekoué Dosseh : Je pense qu'il faut quand même commencer par une juridiction nationale. C'est vrai que la justice togolaise, jusqu'ici, ne nous a vraiment pas donné satisfaction. Mais en fonction de l'évolution, rien ne nous empêche, avec une bonne assistance juridique peut être, de prendre une décision.