"Je dois dire que pour les 15%, ça nous a surpris, parce que nous, on n'a pas été associés à une discussion où on a parlé d'une diminution. C'est le président de la République lui-même et son gouvernement qui avaient fixé les 20%, 10% et 4% pour la baisse. Mais nous, dans un premier temps, on avait discuté beaucoup plus sur la régulation. Maintenant, ils ont proposé 15%. Je trouve que c'est une reculade. J'espère que ce n'est pas sous la pression de quelques lobbies ou bailleurs que ce soit, mais peut-être qu'ils ont dû certainement analyser la situation et dire : voilà, c'est ça qui est raisonnable. Mais nous, en tout état de cause, ce qui nous intéresse, c'est qu'il y ait une baisse effective du prix du loyer. On le dit parce qu'en 2014, ils avaient fait une loi qui est largement au-dessus d'un décret et on avait des problèmes d'applicabilité sur le terrain. Le suivi avait manqué de façon criarde.
Maintenant, puisqu'il nous avait appelés à une concertation sur la vie chère, on a exposé toutes les failles qu'il y avait par rapport à l'ancienne loi de 2014. Et fort de ce constat, ils ont dit, puisqu'il y a un manque de suivi, il faut qu'on mette en place cette Commission de de régulation du prix du loyer. Toutefois, mettre une Commission seulement ne suffit pas. Il faut qu'il y ait un travail de maillage du territoire national parce que, rien qu'à la Médina ou à Grand Yoff, on a une forte densité de locataires.
Et aujourd'hui, l'État n'a aucun moyen pour dire qu'il a, dans tel quartier ou dans tel autre quartier, tant de locataires ou tant de bailleurs. Donc, ils n'ont pas de bases de données fiables. Le travail de la Commission doit s'accentuer beaucoup plus sur l'identification des bailleurs et des locataires, recueillir les plaintes parce qu'il y en a énormément. Souvent, le bailleur et le locataire sont à couteaux tirés parce que simplement l'Etat a décidé de baisser les prix ; mais il n'y a personne sur le terrain pour demander au bailleur de l'appliquer par force, alors qu'il y avait beaucoup de bailleurs qui refusaient. Donc, la Commission a tout son intérêt, mais à condition que cela soit bien représenté un peu partout, en tout cas à proximité des locataires, pour pouvoir veiller aux dégâts collatéraux que cette baisse-là va poser.
La Commission doit aussi intégrer ce qu'on appelle la Commission de révision des surfaces corrigées. Vous savez que le loyer est établi sur la base de surface corrigée et que depuis 2010 les textes sur les surfaces corrigées n'ont pas été révisés. Ce qui veut dire que, actuellement, si un bailleur vous applique les surfaces corrigées, c'est sur la base de textes caducs parce que les prix ont changé, le coût des matériaux a changé etc.
La Commission devait se regrouper tous les deux ans. Malheureusement, depuis 2010, cette Commission ne s'est pas réunie. Donc, il faut qu'on intègre aussi cette donnée-là, pour pouvoir évaluer régulièrement les prix dans les différentes zones. Il faut aussi qu'il y ait une réglementation des agences immobilières qui s'ouvrent n'importe comment. Il y a des courtiers qui prennent l'argent des gens et qui disparaissent. Donc, tout cela doit être régulé, si on veut réellement régler le problème du secteur ; sinon, ça va être les mêmes travers qu'en 2014".