En Côte d’Ivoire, les broyages de cacao ont encore progressé de 16,5% en janvier par rapport à janvier 2021 pour atteindre 61 386 tonnes sur ce mois, a indiqué hier 15 Février 2023, l’Association des exportateurs Gepex. Ainsi, depuis le début de l’actuelle campagne cacaoyère, en octobre dernier, les broyages nationaux s’élèvent à 233 743 t, en hausse de 10,8% par rapport à la même période la campagne précédente.
La publication de cette information coïncide avec l’émergence d’une grogne chez une partie des exportateurs locaux de fèves de cacao.
Le Conseil café cacao (Ccc) envisage de prendre des mesures afin d’éviter le défaut des exportateurs locaux qui ont urgemment besoin de 100 à 150,000 tonnes de cacao pour honorer leurs engagements auprès de leurs clients, en raison de leur exclusion des primes de certification, a annoncé une source au sein du Ccc après une réunion de crise vendredi dernier.
Le Ccc a convoqué le Gepex (qui regroupe l’ensemble des multinationales), le Gni qui représente les négociants locaux et l’Ucoopexci qui défend les intérêts des coopératives exportatrices afin de trouver une solution au problème d’approvisionnement des exportateurs locaux qui éprouvent depuis Janvier, des difficultés à acheter des fèves de cacao car seules les 6 multinationales disposent auprès des chocolatiers des primes de certification. « Nous nous dirigeons vers un défaut certain parce que nous ne pouvons acheter des fèves depuis Janvier à cause du fait que le cacao standard soit transformé en cacao certifié, donc plus cher et au-delà du prix bord champs garanti », a expliqué un membre de l’Ucoopexi qui appelle le Ccc à réagir pour éviter le défaut qui se profile à l’horizon.
Tout comme l’Ucoopexci, les membres du Gni qui partagent ce point de vue et qui vivent eux-aussi la même situation, affirment que les traitants et les pisteurs vendent exclusivement les chargements de cacao actuellement aux multinationales qui n’achètent que des fèves certifiées pour le compte des chocolatiers.
Les fèves certifiées sont vendues plus chères que les fèves standards à cause des primes que perçoivent les fournisseurs qui sont supposés les reverser aux producteurs.
« Aujourd’hui le cacao certifié coûte entre 1026 fcfa et 975 fcfa le kilo alors que le prix garanti est de 900 fcfa le kilo. C’est impossible pour nous d’acheter parce que les multinationales ont le monopole sur tout le cacao certifié », a déclaré un membre du Gni. Pour trouver une solution à ce problème, le Ccc envisage de repousser la période d’embarquement des contrats des exportateurs en difficulté à juin afin qu’ils puissent acheter des fèves entre Avril et Juin.
Pour les exportateurs locaux, la solution à long terme pour éviter ce déséquilibre de la commercialisation interne, est que 50% des contrats internationaux attribués aux exportateurs locaux soient du cacao certifié fairtrade, afin d’équilibrer le rapport de force avec les multinationales qui elles disposent de 100 pour-cent de certifié. Les contrats internationaux dont disposent les exportateurs ivoiriens sont actuellement des contrats pour du cacao sans traçabilité ni certification, ce que les exportateurs ivoiriens dénoncent depuis plusieurs années. Indiquons que la capacité totale installée de broyages de la Côte d’Ivoire s’élève à 712 000 t.