Dissous par la junte militaire au pouvoir en Guinée, le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) ne s'avoue pas vaincu. Si fait qu'en dépit de l'embastillement dont font l'objet certains de ses leaders, il refuse de plier ; convaincu que seule la lutte libère.
C'est pourquoi et ce, nonobstant le contexte pour le moins hostile et défavorable, il a appelé ses militants et sympathisants à descendre dans la rue, le 16 février dernier, pour dénoncer la gestion de la Transition par les militaires. Il exige, entre autres, la libération de " tous les otages " dont le coordonnateur du mouvement, les prisonniers politiques et d'opinion, la levée immédiate de l'interdiction de manifester, le respect des libertés fondamentales et la mise en place d'un cadre de dialogue sous l'égide de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
Comme l'on pouvait s'y attendre, plutôt que de prêter une oreille attentive aux manifestants, les autorités guinéennes ont préféré sortir l'artillerie lourde, provoquant ainsi, par endroits, des scènes de violences. Car, empêchés de se regrouper, des jeunes manifestants ont érigé des barricades dans certains quartiers et n'ont pas manqué d'utiliser des projectiles pour provoquer les forces de l'ordre composées à l'occasion de policiers, de gendarmes et de militaires. En tout cas, si l'on en croit certains témoignages, Conakry, au regard du dispositif sécuritaire impressionnant déployé à l'occasion, ressemblait à une ville sous état de siège.
Le locataire du palais Sékhoutoureya gagnerait à descendre de son piédestal
En effet, cela n'a rien de surprenant surtout quand on sait que l'on est dans un régime d'exception où la liberté de manifester n'est reconnue qu'en ce qu'elle n'ait rien de contraire à la volonté du putschiste en chef. Allergiques à la contestation, et comme pour parer à toute éventualité, les autorités militaires guinéennes ont érigé la terreur en mode de gouvernance, faisant ainsi peser une véritable chape de plomb sur les acteurs politiques et la société civile qui n'approuvent pas la manière dont est conduite la transition.
Mais elles oublient volontiers que les temps ont changé si bien que la matraque et la gâchette ne peuvent plus avoir raison d'un peuple debout et déterminé. C'est pourquoi le locataire du palais Sékhoutoureya gagnerait à descendre de son piédestal en ouvrant un dialogue franc et sincère à l'effet d'échanger avec l'ensemble des acteurs sur les sujets qui concernent la vie de la Nation.
C'est à ce prix et seulement à ce prix qu'il pourra faire de la transition en cours, un fleuve tranquille, devant permettre d'opérer des réformes politiques et institutionnelles profondes à même de faire de la Guinée, un Etat de droit démocratique.
A défaut, toute autre option sera périlleuse et ne ferait qu'en rajouter à la situation déjà explosive. Mamady Doumbouya saura-t-il rectifier le tir pendant qu'il est temps ? On attend de voir. Mais l'erreur serait de croire qu'en bon bidasse, il peut tout obtenir par la force. Si tel est le cas, on peut dire, sans risque de se tromper, qu'il file du mauvais coton.