" Nous voulons une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU pour une justice transitionnelle dans la région des Grands Lacs ". C'est l'une des préoccupations que les organisations de la société civile congolaise ont soulevées lors de leur rencontre avec la Secrétaire générale adjointe aux droits de l'Homme, Ilze Brands Kehris, en séjour en RDC depuis le 13 février 2023.
Au cours de cette rencontre, les délégués d'une dizaine d'organisations de la société civile ont attiré son attention sur plusieurs questions, dont celle sur la dégradation de la situation sécuritaire dans la partie est de la RDC.
Les représentants de la société civile congolaise lui ont fait part de leur crainte de voir le processus électoral en cours être impacté par la recrudescence de la violence et des massacres des populations civiles.
Prenant en premier la parole, l'imam Abdala Mangala Luaba, un des membres de la délégation de la société civile, a indiqué que la guerre "risque de perturber la tenue des élections dans l'est de la RDC si les Nations Unies ne s'y investissent pas efficacement pour la terminer ".
Ce représentant légal de la communauté islamique (COMICO) a aussi rappelé à la Secrétaire générale adjointe que l'attente majeure du peuple congolais est de voir les Nations Unies aider à mettre fin aux atrocités et massacres des civils par des groupes armés depuis plus de deux décennies. " Cette situation a trop duré ", a-t-il ajouté.
Pendant cet entretien, toutes les voix de la société civile sont restées unanimes et ont fustigé ce qu'elles ont qualifié de " faiblesse de la communauté internationale " qui n'arrive pas à sanctionner le Rwanda pour son implication présumée et tacite dans l'agression de la partie est de la RDC.
La présidente des femmes solidaires pour la paix, Desy Furah, seule femme ayant participé à cette rencontre, a plaidé pour la solidarité internationale et une attention particulière pour restaurer la paix en RDC.
Desy Furah a demandé à IIze Brands Kehris de faire des plaidoyers au niveau de Genève et New York pour soutenir les efforts des femmes dans la lutte contre les violences dont sont constamment victimes les femmes dans les zones de conflits.
Les membres de la société civile estiment que la mise en œuvre de la justice transitionnelle pourrait permettre à la RDC et à la région des Grands Lac de faire face et de punir les responsables des exactions massives commises dans le passé, de manière à établir les responsabilités, rendre la justice et faciliter la réconciliation.
Après avoir écouté les désidératas des membres de la société civile sur la situation sécuritaire en RDC, la Secrétaire générale adjointe aux droits de l'Homme a promis de faire rapport au 52e conseil des droits de l'Homme qui se tiendra à Genève du 27 février au 4 mars 2023.
IIze Brands Kehris a aussi promis de transmettre toutes ces préoccupations au siège de l'ONU à New York où elle occupe le poste de directrice du Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l'Homme.
Pendant son séjour dans la capitale congolaise, la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies aux droits de l'Homme a rencontré de hauts responsables du gouvernement notamment les présidents du Sénat et l'Assemblée nationale Modeste Bahati Likwebo et Mboso Kodia. Elle se rendra également à Goma dans le Nord-Kivu et à Bunia en Ituri pour échanger avec les autorités locales et les communautés affectées par les conflits.
Felix Kalata, délégué de l'association Journaliste en danger (JED), a évoqué la question relative aux difficultés que rencontrent les journalistes dans les zones sous contrôle des rebelles M23. Il a salué la MONUSCO qui a évacué plusieurs journalistes qui ne pouvaient plus exercer leur métier à Bunagana, Rutshuru et Kiwandja. Le journaliste Felix Kalala a émis le vœu qu'une résolution soit prise par l'ONU pour la protection des radios communautaires situées dans l'est de la RDC.