Les nouvelles révélations journalistiques sur une entreprise israélienne - surnommée Team Jorge - qui aurait influencé des dizaines d'élections au profit de plusieurs États à travers le monde, surtout en Afrique, ne peuvent qu'augmenter les doutes qui planent chez nous.
Sur le plan international, depuis plusieurs années, les réseaux sociaux ont démontré leur pouvoir de nuisance démagogique et de désinformation pour faire pencher une partie de l'opinion dans un camp électoral ou dans un autre. Le Brexit et l'élection de Donald Trump sont des cas d'école. Puis la lumière a été faite sur Cambridge Analytica et le projet Pegasus, terrible logiciel de cyberespionnage. Avant Team Jorge, l'on savait que la société NSO n'était pas seule sur le marché; elle comptait parmi ses clients des forces occultes soucieuses de détourner l'attention du public - dont des gouvernements qui espionnent leurs adversaires politiques et ceux qui refusent de manger dans leur main, afin de les piéger ou les réduire au silence.
Cette fois-ci, pour braquer les projecteurs médiatiques sur Team Jorge, nos confrères du consortium international Forbidden Stories ont dû recourir à des opérations d'"entrisme". En reprenant l'enquête de la journaliste indienne Gauri Lankesh (assassinée en 2017), nos confrères dévoilent comment il existe une industrie qui vend des services sophistiqués pour manipuler les médias et l'opinion publique. De l'influence à la manipulation, de la communication à la désinformation, l'agence israélienne de mercenaires mélange les genres et sème la confusion sur la toile et les portables.
Même si, contrairement à l'opposition travailliste, l'on ne peut pas affirmer si Team Jorge ou une autre agence israélienne similaire était bel et bien à Maurice en 2019, force est de constater qu'on a eu droit à une vaste campagne autour du phénomène catori juste avant le scrutin, qui avait été savamment répercutée sur Facebook et sur le réseau des telephones portables via le service SMS, campagne qui a contribué à la victoire in extremis du MSM. Dans un climat de doute, en attendant que le Privy Council se penche sur la pétition électorale de Suren Dayal, il est par ailleurs franchement dommage que le commissaire électoral refuse de fournir ses 'personal answers' en cour par rapport au scrutin du n° 15. Ce manque flagrant de transparence de la part d'Irfan Rahman, au lieu de rassurer l'électorat, vient accentuer le doute. D'autant que la dernière fois qu'il avait parlé en cour, il avait provoqué un recomptage qui a exposé plus d'une anomalie...