Appelée à la barre du tribunal de grande instance hors classe de Dakar statuant en matière correctionnelle, l'affaire de diffamation opposant Ousmane Sonko à Mame Mbaye Niang a été renvoyée pour une deuxième fois au 16 mars sur intervention du bâtonnier de l'ordre des avocats. L'intervention du bâtonnier fait suite au refus du président du tribunal, du procureur et de la partie civile d'accéder à la demande de renvoi des avocats nouvellement constitués pour la défense du leader de Pastef.
Deuxième renvoi de l'affaire de diffamation opposant le leader de Pastef, Ousmane Sonko, au ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, une affaire appelée à la barre du tribunal de grande instance hors classe de Dakar statuant en matière correctionnelle hier, jeudi 16 février, ce renvoi ferme a été acté après intervention formelle du bâtonnier de l'ordre des avocats à la suite d'échanges houleux entre avocats, mais aussi entre avocats de la défense et le président du tribunal. En effet, peu après l'ouverture de l'audience, la défense du maire de Ziguinchor a sollicité un nouvel renvoi de cette affaire au 18 mai prochain afin de permettre à leurs confrères nouvellement constitués de s'imprégner du dossier. Mais, en réaction à cette demande, le président du tribunal, le représentant du Parquet, la partie civile ont opposé un refus catégorique provoquant ainsi la colère de la défense qui dit ne pas comprendre cet empressement du tribunal allant même jusqu'à vouloir refuser à leurs collègues nouvellement constitués leur droit élémentaire. Parmi ces avocats nouvellement constitués, nous pouvons citer entre autres, Mes Abdy Nar Ndiaye, Etienne Joseph Ndione, Ndoumbé Wane, Martin Diatta, Abdou Aziz Djigo...
" J'ai été constitué hier (ndlr avant-hier) mercredi, par Sonko et je n'ai pas eu accès au dossier. Je sollicite le renvoi, on me dit non sous prétexte que l'affaire devait être débattue aujourd'hui parce qu'on avait un renvoi ferme. Mais, sauf erreur de ma part, cette affaire vient d'être appelée pour la deuxième fois. Après un renvoi simple, il y a le renvoi ferme puis le renvoi ultime et encore le renvoi exceptionnel. Cette affaire doit subir le même traitement que les autres ", a martelé Me Joseph Etienne Ndione. Abondant dans le même sens, Me Khoureichi Ba pour dénoncer l'empressement du tribunal à vouloir statuer sur cette affaire a rappelé que le même tribunal correctionnel saisi pour les mêmes faits d'accusation de diffamation par le même ministre Mame Mbaye Niang contre Abdou Karim Guèye, alias Karim Xrum Xakh a mis six (06) mois pour juger cette affaire après son enrôlement. Prenant la parole, toujours pour appuyer cette demande de renvoi, Me Siré Clédor Ly a déploré l'attitude du Parquet qu'il dit avoir saisi à travers un mail pour lui demander non seulement de mettre à la disposition de la défense tous les éléments de ce dossier mais aussi de prendre les dispositions relatives à la disponibilité le jour de l'audience du matériel de diffusion des éléments contenus dans une clé USB versée à la procédure.
Mais, du côté du Parquet et de la partie civile, on a rejeté catégoriquement cette demande. En effet, apportant la réplique à ses confrères de la défense, Me Baboucar Cissé, un des avocats de Mame Mbaye Niang a demandé au tribunal de faire preuve de fermeté en rappelant que le 2 février dernier, le tribunal avait estimé que l'affaire était dans les dispositions d'être jugée. " Vous avez renvoyé le dossier pour la comparution de Sonko et la plaidoirie. C'est clair ! Nous estimons que cette affaire est en état de recevoir un jugement. Nous nous opposition fermement à la demande de renvoi ", a-t-il martelé. Abondant dans le même sens, son confrère de la partie civile Me Moustapha Dieng d'insister à son tour, " la dernière audience a été renvoyée pour la comparution d'Ousmane Sonko. Il est là. Il faut juger cette affaire car le renvoi de la dernière fois était ferme. Nous demandons que l'affaire soit plaidée et vidée ".
Toutefois, prenant la parole, Me Soumaré, jeune avocat de la partie civile a conforté la défense en prenant le contrepied de ses confrères. " Bien que je fasse partie des avocats de la partie civile, je soutiens la demande de renvoi de mes confrères de la défense. Dans toutes les procédures, on a toujours accordé un renvoi pour permettre à un confrère nouvellement constitué de s'imprégner du dossier. En tant qu'avocat, nous ne devons pas encourager la violation de certains principes qui sont des acquis pour le barreau et ce, peu importe notre position dans un dossier ", a-t-il sermonné. Invité à prendre la parole, le Substitut du procureur de la République affirmant que le parquet a répondu favorablement à l'ensemble des requêtes des avocats de la défense, dit être opposé à la demande de renvoi. Reprenant la parole, le président du tribunal correctionnel a rassuré la défense que le contenu des clés USB versées dans le dossier sera écouté en cours d'audience.
Poursuivant son propos, il a également indiqué qu'il va suspendre l'audience pour 30 minutes pour permettre aux nouveaux avocats de la défense de s'imprégner du dossier. " Vous êtes d'excellents avocats qui avaient l'habitude de plaider des dossiers devant le tribunal. Ceux qui viennent de se constituer ont eu vent de la procédure et donc pourront aussi plaider le dossier... ", a-t-il indiqué suscitant une vive protestation des avocats de la défense. Selon eux, cette proposition viole les principes élémentaires de la justice qui permettent à tout avocat nouvellement constitué dans une affaire de solliciter un renvoi pour prendre connaissance du dossier. Reprenant la parole dans une salle agitée par des échanges entre avocats qui s'accusent mutuellement de vouloir politiser cette banale procédure, le président du tribunal a annoncé la suspension de l'audience.
De retour dans la salle, une vingtaine de minutes plus tard, il a annoncé un renvoi ultime de cette affaire, sur intervention du bâtonnier de l'ordre des avocats jusqu'au 16 mars prochain. A souligner que cette audience s'est tenue en présence du ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, et du maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko. Plusieurs de ses camarades de la coalition Yewwi askan wi ont également fait le déplacement pour assister à cette audience dans une salle bondée. Il s'agit entre autres, de Malick Gakou, Déthié Fall, Aida Mbodj, Ahmet Aïdara, Cheikh Tidiane Dieye pour ne citer que ceux-là.