La journée d'hier, jeudi 16 février 2023, n'a pas été de tout repos pour les reporters déployés sur le terrain, pour les besoins de la couverture du procès en diffamation opposant le ministre Mame Mbaye Niang à Ousmane Sonko
. En prolongation de cette journée tendue, à la cité Keur Gorgui, le photographe de sud quotidien et sudquotidien.sn, Sidy Badji, et deux (2) autres professionnels de sites d'informations ont été arrêtés par la police, leurs matériels et téléphones confisqués, pour avoir soi-disant pris des images "compromettantes" (pour la police) de la répression de la conférence de presse annoncée du président de Pastef, Ousmane Sonko, dans l'après-midi.
Vivant depuis un certain temps des difficultés pour la couverture de procès impliquant des politiques, en plus du verrouillage sécuritaire du palais de justice Lat-dior de Dakar, les journalistes reporters et autres techniciens preneurs de sons et d'images doivent désormais faire avec les excès de certains agents des forces de l'ordre. Et ce ne sont pas le photographe de sud quotidien et sudquotidien.sn, Sidy Badji, ainsi que deux (2) autres professionnels de sites d'informations arrêtés par la police, hier jeudi, qui diront le contraire.
Tout a commencé après le revoie de l'audience Mame Mbaye Niang - Ousmane Sonko au 16 mars prochain. Les reporters (journalistes, photographes, cameramen), qui suivaient le cortège du leader de Pastef, ont été bloqués à plusieurs reprises le long de leurs différents itinéraires, surtout après que Sonko a été extirpé "de force" de son véhicule par les forces de l'ordre qui l'on escorté jusque chez lui. Des cordons de sécurité ont été dressés pour empêcher aux professionnelles des médias non seulement de suivre Ousmane Sonko, jusque-là escorté par des milliers de militants, mais aussi pour accéder à son domicile à la cité Keur Gorgui.
Dans l'après-midi, le patron des patriotes qui avait donné rendez-vous à la presse au siège de son parti, a été empêché d'accès à ce quartier général. Alors qu'il est sorti de son véhicule pour faire le reste du trajet à pieds, des grenades ont commencé à pleuvoir sur lui et ses soutiens ; il a fini par se rabattre à la devanture d'une maison d'à côté où un masque lui sera remis.
Infiltrés par des policiers en civile, certains des techniciens des médias qui ont pris des images de ces scènes seront arrêtés, leur matériel confisqué. Parmi eux, le photographe de sud quotidien et sudquotidien.sn, Sidy Badji. Il y a aussi deux autres des sites d'informations notamment Souweïbou Sagna de kewoulo et Boubacar Sow. Ces reporters arrêtés à la cité Keur Gorgui ont été acheminés à la police de Dieuppeul, où ils ont été retenus, depuis vers 18h, jusqu'aux environs de 20h, avant d'être libérés.
Auparavant, mis au courant par son reporter-photographe, la rédaction de sud quotidien a cherché à en savoir plus sur l'arrestation de son élément. C'est ainsi qu'un agent de police confiera : "bonsoir monsieur ! Je confisque son appareil photo et son téléphone", déclare le policier. A la question de savoir pourquoi cette décision et à quelle fin, il répond : "parce que photos yi mu jël dafa grave ("il a pris des photos compromettantes", en wolof). Il faut les supprimer, sinon on confisque tout", insiste-il, refusant de donner de suite aux autres questions. C'est alors qu'il a été conseillé au photographe de sud quotidien de supprimer les images jugées "compromettantes" (pour la police), afin de récupérer son appareil et rentrer librement. Au même moment, le département de l'intérieur, dirigé par Antoine Félix Diome a été saisi par la direction du journal pour obtenir leur libération. Ce qui est fait. Toutefois, le téléphone de Sidy Badji a été cassé, l'écran endommagé.
Cet incident n'est pas le premier vécu par des journalistes et techniciens des médias dans l'exercice de leur fonction, sous le régime actuel, surtout lors de la couverture de manifestations du genre. A titre d'exemple, l'on se rappelle, lors des événements du 3 au 8 mars 2021, une autorité administrative, le préfet de Dakar d'alors, avait ordonné les forces de l'ordre de gazer les journalistes dont la seule faute était de faire leur travail. Là aussi, un reporter d'un site d'information s'en est sorti avec des blessures graves. Dans un autre registre, des journalistes ont été arrêtés et incarcérés pour leurs écris (Adama Gaye, Pape Alé Niang), des entreprises de presse fermées/suspendues, à plusieurs reprises, par le régulateur audiovisuels (Cnra). C'est le cas de sen tv, zik fm, et walf tv qui ont souffert des coupures de leur signal, entre autres incidents déplorables.
ID