Sans détour, la Secrétaire générale du Parti socialiste (Ps), Aminata Mbengue Ndiaye, a apporté certaines précisions suite au séminaire de sa formation politique, tenue du 11 au 12 février passés.
Une rencontre qui " n'avait pas pour objectif de se prononcer sur le choix d'un candidat " du Ps à l'élection présidentielle de février 2024. Mieux, assure Mme Ndiaye, le Ps réaffirme son ancrage dans la coalition " Benno Bokk Yaakaar " et assume entièrement le bilan du Président Macky Sall. La patronne des socialistes salue, dans la même veine, la mise en œuvre des politiques que le Président est en train de dérouler et se projette dans la modernisation du Ps.
Madame la Secrétaire générale, à l'issue du séminaire de votre formation politique, il a été décidé que le Parti socialiste (Ps) n'aura pas un candidat à l'élection présidentielle de 2024 issu de ses rangs. Qu'est-ce qui explique cette décision de la doyenne des partis ?
Il n'en est rien. La question de la candidature s'est invitée au débat dans les ateliers et en plénière. Ce qui est constant, c'est la réaffirmation de l'ancrage du Parti socialiste dans la coalition " Benno Bokk Yaakaar (Bby). Notre séminaire n'avait pas pour objectif de se prononcer sur le choix d'un candidat. Il s'agissait pour notre Bureau politique, réuni en séminaire les 11 et 12 février, à la Maison du Parti socialiste, de réfléchir sur le thème " Le Parti Socialiste à la croisée des chemins : Enjeux et Défis ". Pour ce faire, cinq ateliers avaient été mis en place : structures et vie du parti ; évaluation des élections, du compagnonnage avec Bby et perspectives politiques ; financement du parti ; communication et image du parti ; rôle et responsabilité des mouvements intégrés, dont les jeunes et les femmes particulièrement.
Il s'agissait pour notre Bureau politique et l'ensemble de nos camarades Secrétaires généraux de coordination de faire l'évaluation et de tirer des perspectives et recommandations en vue d'améliorer nos modes de fonctionnement, avec un regard tourné vers l'avenir du Ps et de la coalition Bby dans laquelle nous sommes partie prenante, en tant que membre fondateur et allié de taille.
Quelles sont les principales conclusions de ce séminaire ? Y a-t-il eu unanimité ?
En démocratie, il n'y a pas d'unanimité. Cependant, il peut y avoir des convergences ou des consensus. Je précise que notre séminaire n'avait pas compétence pour décider de candidature. Cette question est du ressort du Congrès après consultation des instances compétentes. Nos camarades ont d'abord recommandé de redynamiser la base, en organisant rapidement des tournées dans les différentes unions régionales pour échanger avec nos camarades et prendre le pouls du Parti socialiste à la base, de restituer les conclusions de notre séminaire, une fois que le rapport de synthèse sera finalisé par la commission mise en place à cet effet, au terme des travaux.
Notre séminaire a également recommandé à la Direction du parti, et plus particulièrement à la Secrétaire générale que je suis, de porter la défense des intérêts du Ps au sein de la coalition (Bby, ndlr). Notre parti a une tradition démocratique consistant, par des procédures éprouvées, à consulter la base sur toutes les questions politiques majeures liées à nos choix et positions.
C'est le résultat de ces consultations que nous traduisons en actes. C'est cela qui justifie notre appartenance à la coalition Bby dont nous sommes membres fondateurs. C'est le choix de la base qui guide nos actions et non les avis personnels exprimés ici et là, en dehors des instances régulières du parti.
Pourtant, quelques voix comme celle de Abdoulaye Wilane, annonçaient un candidat socialiste avant de se raviser. Ne craignez-vous pas des fissures dans vos rangs ?
Il ne peut pas y avoir de fissure dans le Parti socialiste, parce que les camarades qui se sont exprimés dans la presse, l'ont fait à titre personnel. Cela n'engage pas le parti. Je pense que lors de notre réunion du Secrétariat exécutif national en date, faisant le point avec la presse, le porte-parole a exprimé la position du Ps de manière claire et sans équivoque, en confirmant que notre parti ne s'est pas encore prononcé sur la question de la candidature, et que le moment venu, nous nous prononcerons dans le respect du mode de fonctionnement de notre Parti.
Que pensez-vous de certains socialistes comme Mor Faye qui annoncent qu'ils seront candidats à la prochaine présidentielle ?
Les camarades ont fait le constat, pour le déplorer. En tout état de cause, cette candidature n'est pas portée par notre parti. C'est une échappée solitaire. Cette candidature isolée ne concerne nullement le Parti socialiste, et ne saurait l'engager. Ce n'est d'ailleurs pas utile d'épiloguer sur le comportement d'un camarade qui, de manière solitaire, a posé un tel acte tout à fait personnel. J'exhorte les camarades à respecter la discipline du parti, conformément aux dispositions de la charte du militant.
Après un compagnonnage de plus de dix ans avec " Benno Bokk Yaakaar ", comment appréciez-vous le magistère du Président Macky Sall ? A-t-il été conforme à votre idéal socialiste ?
Nous sommes tout à fait à l'aise en tant que socialistes et fiers du bilan du Président Macky Sall. Nous nous reconnaissons parfaitement dans la mise en œuvre des politiques que le Président Macky Sall est en train de dérouler, et l'encourageons à poursuivre dans cette voie : politiques en matière d'habitat avec les logements sociaux et la réduction du prix du loyer, construction et réfection des cités religieuses, la Couverture maladie universelle, l'inclusion sociale et l'équité territoriale, les bourses familiales, la liste est longue... Nous approuvons totalement ces politiques sociales qui sont également contenues dans le projet de société et l'offre programmatique du Parti socialiste portée par notre défunt Secrétaire général, le Président Ousmane Tanor Dieng.
Revendiquez-vous son bilan ?
Mieux, nous assumons entièrement le bilan du Président Macky Sall, nous avons gagné ensemble et nous gouvernons ensemble. Vous savez, nous avons deux ministres dans le Gouvernement. Moi-même qui vous parle, je suis président de la troisième institution du pays (le Haut conseil des collectivités territoriales). Ce bilan est le nôtre, nous sommes dans la coalition depuis 2012 et sommes partie prenante, allié de taille et membre fondateur.
Avez-vous une idée du poids électoral de votre parti ?
Pour avoir une idée du poids électoral de notre parti, il faut remonter aux élections où nous étions allés seuls, en 2007, en 2009, puis en 2012 au premier tour de l'élection présidentielle. C'est en ce moment que cette question pouvait avoir un sens, car le Parti socialiste était allé seul aux élections et son candidat avait réalisé un score de 11 %.
Dans une coalition, notre électorat se confond avec celui de la coalition. Ce qui est important, c'est la contribution de chaque membre pour animer et faire fonctionner la coalition, à travers nos bases respectives pour " Gagner ensemble, Gouverner ensemble ".
Le Parti socialiste est un grand parti, et nous sommes en train de nous réorganiser, pour le moderniser et le rendre plus attractif à l'endroit de toutes les cibles d'avenir. Aujourd'hui, aucun parti ne peut plus gagner seul des élections. Nous sommes à l'ère des coalitions un peu partout dans le monde.
Quels sont les autres points majeurs de votre séminaire ?
Ce sont entre autres : la redynamisation de l'Ecole du parti, la réorganisation des structures pour les rendre plus légères et enfin la massification ; l'organisation de tournées dans les 14 régions pour rencontrer la base, l'informer sur les conclusions du séminaire des 11 et 12 février, l'écouter et recueillir ses avis, l'encourager à davantage animer les structures ; la réorganisation de la communication du Parti pour lui donner plus d'impact ; l'accompagnement des jeunes dans la formation et l'employabilité, etc. Je rappelle que, une fois que le rapport de synthèse sera finalisé, une rencontre sera organisée avec la presse pour la restitution de nos travaux.
De plus en plus, on entend des voix réclamant un renouvellement au poste de Secrétaire général du Ps. Pour ces dernières, vous occupez ce poste à titre provisoire. Que leur répondez-vous ?
Le poste de Secrétaire général du parti ne peut-être renouvelé que lors d'un Congrès, c'est comme du reste le Secrétariat exécutif et le Bureau politique. Ce sera au terme d'un processus que le congrès ordinaire est, seul, habilité à installer le Secrétaire général qui aura été déjà élu par les coordinations réunies en commission administrative et à renouveler les instances de Direction.
Je n'occupe pas ce poste à titre intérimaire, mais plutôt en tant que Secrétaire général adjoint élu par le Congrès au même titre que le Secrétaire général et tous les autres membres du bureau, à la suite du rappel à Dieu de notre regretté Ousmane Tanor Dieng, dont je salue la mémoire. Personne n'est éternel, un jour, un autre militant occupera ce poste, ainsi va la vie.
Madame le Secrétaire général, que devient L'école du Parti socialiste ?
Comme je vous l'ai dit tantôt, la formation constitue une demande pressante une nouvelle fois exprimée lors de notre séminaire. Il a été également fortement recommandé la reprise des activités de L'Ecole du parti. Les jeunes et les femmes ont exprimé le besoin de la redynamiser en vue de leur offrir des formations et de renforcer les capacités des militants.
D'ailleurs, mardi 14 février dernier, nous avons reçu une délégation de la fondation Friedrich Ebert conduite par sa Représentante-résidente, Mme Claudia Ehning, à qui nous souhaitons la bienvenue au Sénégal. Nous avons beaucoup parlé de la redynamisation de notre Ecole du parti. C'est en bonne voie.
Une collaboration étroite sera faite dans ce sens pour un renforcement de capacités de nos militants, principalement les jeunes et les femmes dans différents domaines, sur les valeurs socialistes, le socialisme démocratique, la paix, la sécurité, le leadership féminin, etc. L'Ecole du parti est une institution-phare et une marque de fabrique du Parti socialiste, qui forme des militants bien ancrés dans leur idéologie, et nous devons renforcer cela.
Il y a des socialistes qui sont dans d'autres coalitions comme Khalifa Sall, Barthélemy Dias, entre autres. Est-ce que vous êtes favorables à leur retour pour des retrouvailles de la famille socialiste ?
En politique, la logique c'est l'addition et non la soustraction. Ces camarades ont été exclus du parti, ce sont les aléas de la vie. Ils sont socialistes. La porte est ouverte à tous ceux qui désirent réintégrer leur parti. Je rappelle que c'était le vœu de notre défunt Secrétaire général, le Président Ousmane Tanor Dieng (paix à son âme), de rassembler la famille socialiste et, au-delà, de travailler au rassemblement de la Gauche.
Ce rassemblement renforcera davantage la coalition Bby et la majorité présidentielle, étant donné que la plupart sont déjà membres de cette coalition inédite par sa longévité. Une longévité qui s'explique parce qu'elle est basée sur le respect, la transparence et le travail pour un Sénégal toujours meilleur. Le président de la coalition, en l'occurrence Son excellence Macky Sall, est un très bon leader et travaille avec les alliés de manière inclusive, dans le cadre de la conférence des leaders et du Sep regroupant nos représentants.
Quelle lecture faites-vous de la situation politique très tendue en ce moment ?
Nous appelons au calme. La politique, c'est un débat d'idées, une compétition saine, dans le cadre de lois et de règlements. Cela ne doit pas être des invectives et des affrontements. Nous appelons à la raison et au calme. Nous espérons que cette tension sera apaisée pour l'intérêt supérieur de la Nation. Il nous faut cultiver la force des idées et non celle des biceps, qui est l'apanage des faibles et de ceux qui manquent d'arguments. Nous devons cultiver le respect, la cohésion sociale et la paix dans ce pays. Le Sénégal est un pays de tradition démocratique.
Le Président Macky Sall achève son mandat à la tête de l'Union africaine entamé en février 2022. Comment le Parti socialiste, membre fondateur de Bby et allié stratégique du rassemblement de la majorité présidentielle depuis 2012, apprécie-t-il ce mandat ?
Le Parti socialiste apprécie positivement le mandat du Président de la République à la tête de l'Union africaine. Le Président Macky Sall achève une présidence de plaidoyer en faveur d'un nouvel ordre mondial ouvert à l'Afrique, de la défense des valeurs et cultures africaines et de la résolution des conflits.
Sa présidence de l'Ua n'a duré certes qu'une année, ce qui est court, mais c'est un mandat qui a permis à l'Afrique de faire des avancées majeures et de donner au continent sa vraie place dans le concert des Nations.
Durant ce mandat africain, le Président Macky Sall a mené des actions stratégiques et un soft power pour le leadership de l'Afrique. Ses forts plaidoyers ont été couronnés de succès et ont abouti à l'acceptation par la communauté internationale d'un siège au Conseil de sécurité et au G20, à l'annulation de la dette publique africaine, à la libération du commerce des céréales suite à sa rencontre avec Poutine pour éviter une crise alimentaire dans notre continent, à l'affirmation de la neutralité de l'Afrique dans la guerre Russie-Ukraine, à l'implication de l'Ua pour la médiation et la résolution de conflits entre certains Etats d'Afrique.
Par ailleurs, le Sénégal s'est hissé à plusieurs reprises sur le toit de l'Afrique sous son mandat : première Coupe d'Afrique des nations (Can) en février 2022, septième Can de beach soccer en octobre 2022 et récemment en janvier 2023, le Championnat d'Afrique des nations (Chan) à Alger.
Donc, nous ne pouvons qu'être fière, après sa mandature à la tête de l'Union africaine. D'ailleurs, tout Sénégalais devrait en être fier ! " Gacce ngalama " (ndlr : littéralement en wolof félicitations) Monsieur le Président !