Tunisie: Affaire des quatorze avocats convoqués devant la justice - Un nouveau tournant ?

18 Février 2023

La liste des quatorze avocats convoqués a fuité sur les réseaux sociaux. Elle inclut notamment : Saïda Akremi, Samir Dilou, Anouar Ouled Ali, Ridha Belhaj, Mohamed Sami Triki, Malek Ammar, Naceur Harrabi, Mohsen Sahbani, Monia Bouali, Ramzi Ben Dhia, Nizar Toumi, Ines Harrath, Ab- derraouf Aba et Abderrazak Kilani.

La Tunisie connaît des évènements d'ordre judiciaire qui s'accélèrent jour après l'autre. Alors que la justice maintient le silence, le Président de la République, Kaïs Saïed, évoque un complot contre la sûreté de l'Etat et un plan visant à l'assassiner, mais l'opposition tunisienne crie à un motif obscur visant à étouffer sa voix.

En marge de la guéguerre politique sur fond judiciaire, une autre affaire vient compliquer davan-age le climat politique dans le pays. 14 avocats ont été convoqués à comparaître devant la justice à partir du mois de mars prochain sur fond d'une manifestation organisée il y a plus d'un an à l'issue de l'assignation à résidence du dirigeant d'Ennahdha Noureddine Bhiri. En effet, on se rappelle tous de ces incidents, lorsque plusieurs avocats ont protesté à l'intérieur du siège du district de la Garde nationale de Menzel Jemil dans le gouvernorat de Bizerte, contre l'assignation de Noureddine Bhiri à résidence.

En fait, la liste des quatorze avocats convoqués a fuité sur les réseaux sociaux. Elle inclut notamment : Saïda Akremi, Samir Dilou, Anouar Ouled Ali, Ridha Belhaj, Mohamed Sami Triki, Malek Ammar, Naceur Harrabi, Mohsen Sahbani, Monia Bouali, Ramzi Ben Dhia, Nizar Toumi, Ines Harrath, Abderraouf Aba et Abderrazak Kilani.

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Commentant ces derniers rebondissements qui risquent d'envenimer davantage le climat politique, Samir Dilou a rappelé que les faits remontent au 4 janvier 2022, lorsque plusieurs avocats se sont rendus au poste de la Garde nationale de Menzel Jemil à Bizerte pour avoir des données sur leur client, le député nahdhaoui Noureddine Bhiri, alors détenu en résidence surveillée dans un endroit inconnu. " Nous n'en savions rien à l'époque, ils ont demandé à son épouse de lui apporter des médicaments, nous l'avons donc accompagnée et nous avons eu une discussion avec les agents présents sur place et nous avons su par hasard qu'il a été détenu à Rimel et qu'il a entamé une grève de la faim et transporté à l'hôpital de Menzel Bourguiba ", a-t-il précisé. Et de rappeler que cette affaire intervient suite à une plainte déposée par un syndicat sécuritaire.

En tout cas, la section de Tunis de l'Ordre national des avocats de Tunisie (Onat) a été notifiée de la comparution de plusieurs avocats dont les clients sont soupçonnés dans des affaires politiques. Les avocats sont accusés d'avoir pris d'assaut le poste de la Garde nationale de Menzel Jemil, selon la même source.

L'opposition en colère

Cette décision de justice a aggravé la colère de l'opposition tunisienne conduite surtout par le Front de salut. D'ores et déjà, elle se dit victime de répression par le pouvoir en place et crie à des pratiques visant à restreindre les libertés et à cibler les opposants.

Réagissant à cette décision de justice, Issam Chebbi, secrétaire général du parti Al-Jomhouri, a averti contre toute atteinte aux avocats tunisiens, rappelant qu'il s'agit de la première ligne de défense des droits des Tunisiens. " Les avocats constituent une première ligne de défense contre la répression des Tunisiens, s'ils sont ciblés, tous les Tunisiens seront ciblés ", a-t-il insisté.

Au fait, l'opposition tunisienne est déjà en ébullition sur fond des récentes arrestations en Tunisie qui ont fait écho même à l'étranger. D'ailleurs, le Haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a exprimé sa préoccupation face à " l'aggravation de la répression contre ceux qui sont perçus comme des opposants politiques et de la société civile en Tunisie, notamment par l'intermédiaire de mesures prises par les autorités qui continuent de saper l'indépendance du pouvoir judiciaire ".

Idem pour les Etats-Unis et la Grande-Bretagne qui ont tous les deux exprimé leur préoccupation quant à la situation en Tunisie suite à cette série d'arrestations.

Quoi qu'il en soit, la réponse du Président de la République, Kaïs Saïed, n'a pas tardé. Il a, à l'issue de son entrevue avec la Cheffe du gouvernement, réitéré son attachement à la souveraineté de l'Etat, rappelant que " nul n'est au-dessus de la loi ". Il a déclaré que " la Tunisie est un Etat indépendant et souverain et qu'il est ni colonisé ni placé sous protectorat ".

" La souveraineté de la Tunisie est au-dessus de toute considération ", a ajouté Saied, qui affirme agir dans le strict respect de la loi, en réponse aux réactions émises par certains Etats et parties étrangères sur les récentes arrestations.

Le Président de la République a affirmé être le dépositaire des droits des Tunisiens et de la souveraineté de l'Etat tunisien. Il a fait observer qu'aucun message ni déclarations n'ont été émis par la Tunisie pour exprimer sa préoccupation sur l'état des droits et libertés dans les capitales d'où proviennent les réactions sur la situation en Tunisie.

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