Congo-Kinshasa: Nord-Kivu - L'Olpa s'indigne des pressions sur les médias de Rutshuru

L'Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (Olpa) se dit préoccupée par les fortes pressions exercées sur les médias émettant à Rutshuru, à plus de 60 km de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Il les condamne vigoureusement, indiquant qu'il s'agit manifestement d'une atteinte grave au droit d'informer et d'être informé garanti par la loi congolaise et les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l'homme.

Le 16 février, l'Olpa a indiqué que les responsables de Radiotélévision communautaire Horizon, Radio communautaire Ushirika, Radio alliance, Radio la vérité, Radiotélévision évangélique pour le développement Hermon et Radio Union pour la paix et la promotion des droits de l'enfant ont été convoqués, le 14 février, au bureau de l'administration du territoire de Rutshuru par Willy Ngoma, Lawress Kanyuka et Sukaka, respectivement porte-parole militaire, porte-parole chargé des questions politiques et coordonnateur adjoint chargé des renseignements du mouvement terroriste soutenu par le Rwanda et qui occupe plusieurs localités du Nord-Kivu, le M23.

" Ces derniers ont intimé l'ordre aux responsables des médias de ne plus relayer les programmes de la radio Top Congo FM, émettant depuis Kinshasa, pour une durée de soixante jours. Ils ont également interdit la diffusion d'une émission dénommée "Sauti ya wahami" (la voix des déplacés) produite par des journalistes ayant fui Rutshuru pour Goma, laquelle est axée sur la situation des déplacés de guerre dans les camps ", a expliqué l'Olpa.

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Il a, par ailleurs, souligné que le M23 soutient que les programmes suspendus inciteraient à la haine et a aussi imposé aux médias locaux d'accorder une heure d'antenne hebdomadaire à des fins de propagande. " Tous les participants à la réunion ont été contraints de signer un acte d'engagement sous peine de représailles ", a-t-il regretté.

Une mise en garde inquiétante du CSAC

L'Olpa fait, en outre, savoir que le Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication (CSAC) a également, dans un communiqué du 15 février, mis en garde les médias de Rutshuru. L'instance publique de régulation des médias dans le pays a aussi " promis des sanctions contre ceux qui disposeraient du temps pour que le M23 passe les messages de haine, de désobéissance civile ou d'insurrection ".

Condamnant vigoureusement toutes ces pressions à l'endroit des médias de Rutshuru, l'Olpa estime qu'il s'agit manifestement d'une atteinte grave au droit d'informer et d'être informé garanti par la loi congolaise et les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l'homme. Il se dit stupéfait par la mise en garde du CSAC à l'endroit des médias évoluant dans une zone sous contrôle des rebelles à la gâchette facile et auteurs de plusieurs atteintes aux droits fondamentaux de l'homme. L'Olpa demande aux responsables du M23 de cesser tout acte d'intimidation envers les médias et de favoriser l'exercice de la liberté de la presse dans les zones sous occupation de leurs unités.

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