Madagascar: Vers l'extrémisme chrétien, la faute de l'État

"Quand le cheval se tient mal, ce n'est jamais la faute du cheval mais celle du cavalier". Cette phrase du long métrage d'animation "Azur et Asmar" de Michel Ocelot sorti en 2006 résume parfaitement l'idée du présent texto.

Nous avons sonné l'alarme et nous continuons de le faire face à la montée de l'extrémisme chrétien à Madagascar. Depuis plusieurs dizaines d'années, ce fléau se propage sans réelle prise de mesures adéquates par l'État. Nous avons parlé de plusieurs faits qui se sont passés et qui s'aggravent de jour en jour.

Nous avons attiré l'attention face aux vandalismes sur les biens communs. Par exemple, la dégradation du patrimoine naturelle de l'allée de Baobas à Morondava. Plusieurs baobabs ont été mutilés à coups de couteau et portent sur leurs corps des scarifications telles que "FJKM... , 2021" ou "FKTLM" etc. Notons ici que ces acronymes sont ceux d'églises chrétiennes.

En 2021, nous avons signalé la profanation de Doany (lieu de prière et sacré pour les pratiques des cultes traditionnels). Des "illuminés" de chrétien ont profané des dizaines de ces lieux dans tout Madagascar au nom de Jesus. La même semaine, à Ankorondrano route des hydrocarbures, sur le portail du temple bouddhiste en construction, les mêmes inscriptions "au nom de jésus" étaient peintes.

Août 2022, sur la Route Nationale 7, un autre patrimoine culturel a été vandalisé par le KTLM Manombo Sud. La très célèbre statue naturelle de la Reine de l'Isalo a été sauvagement souillée par des tags à la peinture noire. Un groupe de sauvage s'en est pris à cette beauté sans aucune pitié au grand dam des professionnels du tourisme, de la population locale.

Il y a quelques jours, des enfants ont refusé de chanter l'hymne national car ils avaient reçu l'ordre de leurs parents qui ont reçu l'ordre de leurs églises que c'est une pratique diabolique. Les enseignants ont pris les mesures, les tenants des églises ont répliqué et puis... rien. Ce n'est que quelques jours plus tard que la première responsable du ministère de l'éducation nationale a daigné dire quelques mots sur son compte personnel. Et ?

"Quand le cheval se tient mal, ce n'est jamais la faute du cheval mais celle du cavalier". Depuis, aucune mesure sérieuse et ferme venant de l'État. Pourtant, ce dernier qui doit être le garant du bien commun, la sécurité de tout un chacun et surtout de la discipline par tous.

Quand l'État couche trop avec l'église, il ne peut plus rester dans son rôle de garant de quoi que ce soit du bien commun et de l'identité Malagasy. L'État a permis aux églises chrétiennes d'interférer dans les affaires étatiques pour avoir continuellement le sacre malgré les déboires à ne plus en finir. Quand le peuple mage les crottes car le riz n'est plus à la portée de qui que ce soit, l'église fait le sourd-muet. Et quand les églises interfèrent dans les affaires étatiques comme l'urgence de la loi sur l'interruption thérapeutique de la grossesse, l'atteinte à la dignité de la Nation, la profanation et la violence sur les autres religions et pratiques de culte, les dirigeants font le mort.

Nos mots sont durs, mais si nos dirigeants continuent à coucher dans ce lit-là, nous serions dans de beaux draps d'ici peu de temps. Nous avons depuis décembre et janvier dernier partager les dix signes du lavage de cerveau religieux. Pour le cas présent, le sixième signe dit tout : vous perdez le sens de l'individualité. Un autre signe de lavage de cerveau religieux est la perte du sentiment d'identité et d'individualité. Cela peut prendre la forme de ce que vous êtes autorisé à porter, ce que vous êtes autorisé à dire dont certains sujets sont considérés comme tabous, les personnes que vous êtes autorisé à fréquenter. Certains passe-temps et intérêts peuvent être également entrer en conflit avec les croyances religieuses. Lentement mais surement, vous vous retrouvez à abandonner des parties de votre individualité pour vous rapprocher de votre foi.

Votre institution ou votre chef religieux peut mettre en place des règles auxquelles vous devez vous conformer, même si elles n'ont aucun sens. Il s'agit d'un signe évident de contrôle. En vous enlevant votre individualité, ils vous privent essentiellement de toute estime de soi, de tout respect de soi et surtout, de toute valeur personnelle. Réfléchissez à ceci : dans les prisons, en guise de punition et de modelage psychologique, les criminels sont réduits à un simple numéro. Si vous aussi, vous avez l'impression de n'être rien d'autre qu'un membre d'un groupe, vous devez vous demander : pourquoi ? Pourquoi l'individualité n'est-elle pas célébrée ?

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