Noureddine Boutar, directeur général de la radio Mosaïque FM, entame son cinquième jour de détention ce samedi 18 février. Alors que sa garde à vue a été prolongée de cinq jours, les journalistes de sa radio continuent d'alimenter la station. Incrédulité, détermination mais aussi inquiétude rythment désormais leur quotidien depuis qu'ils ont appris que leur patron a été longuement interrogé sur la ligne éditoriale de la station.
Midi Show est l'émission de radio emblématique de la mi-journée en Tunisie. Tous les jours, l'équipe composée de quatre journalistes décortique les dernières actualités du pays. Mais depuis lundi 13 février, jour de l'arrestation du directeur de la station, l'ambiance est un peu pesante.
Elyès Gharbi, aux commandes du programme depuis la chute de Ben Ali en 2011, a l'impression d'être dans un moment de bascule :
" Aujourd'hui, cette sérénité est quand même un peu ébranlée. Elle est ébranlée profondément quand on a un patron de chaîne qui est emprisonné et questionné sur la ligne éditoriale de la radio, les choix des journalistes, les choix des chroniqueurs... Donc franchement, c'est là où on perd pied. Parce qu'on ne comprend pas pourquoi on se retrouve à justifier son propre métier. Ça pose des questions extrêmement profondes sur le métier et sur la démocratie et sur les choix de la Tunisie en ce moment. "
Comme si de rien n'était, Haythem El Mekki, le journaliste satirique de l'émission, présente encore sa revue de presse qui n'épargne pas le président Kaïs Saïed. Il confie :
" Comment ça va se terminer exactement, on ne sait pas. On sent plus d'électricité dans l'air. Mais on essaye de faire une sorte de démonstration : même si le directeur est en prison, ça ne veut pas dire qu'on va changer notre façon de travailler, nos opinions, ni notre façon de voir les choses. "
Jusqu'à ce jour, aucune information officielle sur les motifs d'arrestation de Noureddine Boutar, le directeur général de la station, n'a été rendue publique.