En visite de travail à Ouagadougou le jeudi 16 février 2023, le Président béninois, Patrice Talon, a été reçu par son homologue, le Président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré. Cette visite renforce les relations entre les deux pays qui ont en partage de nombreux centres d'intérêt et particulièrement la lutte contre le terrorisme.
Depuis la prise du pouvoir par l'armée, le 24 janvier 2022, c'est la première fois que le Burkina Faso reçoit un chef d'Etat au niveau bilatéral. Dans le contexte d'insécurité grandissante dans la sous-région ouest-africaine, avec l'extension du terrorisme aux pays côtiers, la question sécuritaire a été certainement abordée au cours de l'entretien entre le capitaine Traoré et son hôte. Ce n'est plus un secret, le Bénin est désormais dans le collimateur des groupes armés.
Depuis décembre 2021, le Nord de ce pays voisin est frappé par des attaques terroristes qui ont déjà fait plusieurs morts dans les rangs des soldats et des civils. Même si au pays de Patrice Talon la situation n'est pas aussi grave qu'au Burkina Faso, il importe que les dirigeants des deux pays mutualisent leurs efforts contre l'ennemi commun. Il y va de l'intérêt des peuples burkinabè et béninois. Le Bénin pourrait surtout s'inspirer de l'expérience du Burkina Faso, décrit pas très longtemps comme le petit poucet de l'ex-G5 Sahel, mais qui en dépit de tout, fait preuve de résilience face à la menace terroriste.
L'enjeu pour le Bénin est de travailler à ne pas sombrer dans cette guerre imposée par les forces du mal. L'option des autorités burkinabè d'associer la composante civile à la lutte contre le terrorisme, notamment à travers les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) est, à bien des égards, intéressante et pourrait être un cas d'école dans ce contexte du tout-guerre. Il faut prendre le taureau par les cornes, car les groupes armés ont une capacité de progression impressionnante.
Le Burkina, véritable verrou protecteur de tous ses voisins côtiers, fait face à l'hydre terroriste qui ne connait pas de frontières. La preuve, au Nord dans ce qui est présenté comme la zone des trois frontières (Mali, Niger et Burkina), les terroristes sont présents. Or, avec le Bénin et le Niger, le Burkina partage un espace protégé, le Parc de la Pendjari qui connait aussi des incursions terroristes. Au-delà de ce sujet d'intérêt, la visite du Président Talon peut revêtir aussi d'autres aspects.
Les réalités économiques du Burkina Faso l'ont mis en tandem avec deux autres pays, le Mali et la Guinée, avec comme point important pour les voisins côtiers du Burkina, la question des débouchés maritimes. Le Burkina est un bon client des ports des pays côtiers. Alors, le président béninois qui n'a pas la réputation de " grand voyageur ", a-t-il profité de son passage à Ouaga pour relancer ou réaffirmer la disponibilité de son pays à accroitre les possibilités d'offres du port autonome de Cotonou au Burkina ?
Ce serait une bonne proposition, que les Burkinabè ne bouderaient pas. Ouaga prendrait alors cette visite comme une marque d'attention d'un voisin qui est conscient que lorsque la case du voisin brûle, il faut lui apporter de l'eau. Les autorités de la Transition ne manqueront certainement pas cette opportunité de réaffirmer leur engagement à ne pas laisser de répit aux terroristes. Il est à espérer que cette rencontre accouche d'une dynamique de mutualisation avec tous les pays voisins, à la fois des renseignements, des stratégies militaires et des questions de développement dans la lutte contre le terrorisme.