Sous la conduite de maître Me Charles Tchoungang, le collectif des avocats de Jean Pierre Amougou Belinga PDG du groupe l'Anecdote incarcéré au secrétariat d'Etat à la Défense (Sed), a donné un point de presse vendredi dernier à l'immeuble Ekang à Yaoundé. Une sortie des plus approximatives au cours de laquelle l'homme en robe noire aura plutôt laissé des plumes sur le carreau. Décryptage.
Le diable se cache décidément dans les détails. Et c'est le moins que l'on puisse dire, après avoir écouté Me Charles Tchoungang, membre du collectif des avocats de Jean Pierre Amougou Belinga et Cie, au cours du point de presse donné vendredi à l'immeuble Ekang. Pour certains observateurs avertis, Me Charles Tchoungang est dans son rôle. Bien plus, pour eux, être avocat d'un milliardaire est encore mieux, même en cas de crime.
" Qui a déjà vu un avocat de la défense faire autre chose que de défendre son client ? Un avocat est là pour gagner de l'argent. Faire plaisir à son client et lui montrer qu'il peut encore. Parfois, il oublie même le rationnel pour l'irrationnel ", estiment nos mêmes observateurs. Pour certains puristes du droit, deux stratégies sont alors généralement utilisées par les avocats à l'instar de Me Charles Tchoungang : soit on attaque le fond de l'affaire, ce qui semble très difficile dans le cas d'espèce ; soit on remet en question la forme en dénonçant des vices de procédure avérés L ou supposés. On en est là aujourd'hui, après avoir écouté ce qui a tôt fait d'apparaitre aux yeux de nos experts comme du dilatoire et du verbiage oiseux de Me Charles Tchoungang qui, en pensant tirer son client d'affaire l'enfonce plutôt.
Acculé et pratiquement dos au mur face aux accusations qui ne cessent d'accabler au fil des auditions son client, Me Charles Tchoungang, soudainement pris dans une sorte de frénésie luciférienne comme un diable plongé dans un bénitier, a cru, le temps d'un point de presse organisé au débotté, prendre carrément la place du commissaire du gouvernement.
Pour justifier le paiement de ses honoraires, il a carrément décidé de violer le secret de l'information judicaire en révélant au grand public à travers la presse, le contenu des auditions des suspects. Bien qu'il soit pour cela passible des sanctions par l'ordre des avocats et qu'il puisse être poursuivi au pénal car, il n'a pas à révéler les détails de l'enquête au grand public.
Malheureusement, à vouloir prendre les Camerounais pour des zozos, il a plutôt davantage enfoncé la
tête déjà suffisamment accablée de son client. Si le point de presse de Me Charles Tchoungang aura suffisamment démontré que la communication autour du PDG du groupe l'Anecdote a toujours été mal pensée, de nombreux juristes chevronnés quant à eux ont été ahuris de voir un ancien bâtonnier piétiner le secret de l'information judiciaire.
Dépannages
Revenons au point de presse proprement dit. Me Charles Tchoungang parle de versions contradictoires du lieutenant- colonel Justin Danwe. " Amougou Belinga m'a demandé de faire taire ce journaliste ". " Amougou Belinga m'a demandé de lui donner une bonne correction ". Pour Me Charles Tchoungang, ces déclarations sont contradictoires.
Loin de là, estiment certains analystes, il se trompe lui-même. En effet, pour ces mêmes analystes, donner une bonne correction mène à réduire un individu au silence car, il a désormais peur. Il n'y a donc aucune contradiction, même si on peut concéder une légère variante. Par ailleurs, dans ses envolées désobligeantes et à en croire encore Me Charles Tchoungang, Jean Pierre Amougou Belinga déclare qu'il " connait bien Danwe, ce dernier venait souvent le voir pour des dépannages et lui filaient des informations sur les activités sécuritaires aux frontières de RCA et de Guinée équatoriale ".
Alors si cela n'est pas la preuve d'une forte confiance entre les deux hommes, qu'est-ce que c'est ? Quoi de surprenant alors que des individus qui entretiennent un tel commerce soient fortement soupçonnés d'avoir agi de concert dans l'assassinat de Martinez Zogo ? Une fois de plus, Me Charles Tchoungang vient, sans s'en rendre compte, d'enfoncer son client. " Je crois rêver. Les colonels sont-ils devenus des moins que rien pour chercher des petits dépannages, fussent-ils chez des milliardaires. Mieux, votre client occupe qu'elle fonction dans l'administration ? Est-il sous-préfet, préfet, gouverneur, MINAT, MINCOM, DGSN ?
" Merci Me Tchoungang ! Grâce à toi, on a compris que le Zomloa des Zomloa avait lui aussi une copie du bulletin de renseignements, certainement avant le père de la Nation. Pas d'intérêt, pas d'action ", indique un observateur qui finit par se poser cette question : à quoi lui servaient toutes les informations " secret défense " ? Allez donc le savoir. " Voilà à quel niveau est notre pays ! Ça voudrait tout simplement dire que le chef de l'Etat ne détient plus la confidentialité et l'exclusivité de certaines informations sensibles et stratégiques.
Cet avocat vient de créer un autre débat d'actualité ", finit par se convaincre un autre observateur ayant suivi, dans les moindres détails, le point de presse de Me Charles Tchoungang. Ce qui vient corroborer ce que nous indiquions dans l'une de nos éditions antérieures lorsque nous parlions de ces trafics qu'entretenait un haut responsable de la DGRE avec la rébellion centrafricaine. Passons. Alors question : de qui se moque-t-on à la fin lorsqu'un prestataire de services est au même niveau de renseignement que le chef de l'Etat ?
Difficile à imaginer dans un pays normal comme le nôtre. Toujours est-il qu'il est incompréhensible qu'on donne les renseignements " top secret " à un individu qui n'est ni un membre du gouvernement, ni un responsable lambda dans la chaine de sécurité de notre pays, sans qu'on ne flaire une tentative de déstabilisation du Cameroun en cours de téléchargement. Ici encore, Me Charles Tchoungang donne du grain à moudre aux fins limiers des services de renseignements et de sécurité de notre pays... De là à conclure hâtivement comme d'autres : " il avait promis de chasser Paul Biya en 1991, il a fini par devenir son ami aujourd'hui. De même, il a promis de défendre Amougou Belinga, il finit aujourd'hui par le vendre ".
Déclic
Également, lors du point de presse de vendredi dernier, Me Charles Tchoungang dans sa plaidoirie guignolesque parle de perquisitions auxquelles lui-même n'aurait pas assisté. Et pourtant, il les raconte de manière véhémente en énumérant des faits et autres scènes vraiment surréalistes. Tenez ! " Des gendarmes et policiers armés de haches et d'arrache-clous (....) " !!! Quels clous voulait-on arracher chez Jean Pierre Amougou Belinga ?
Quels arbres y avait-il à abattre là-bas ? Et dans quel but ? Last but not least, Me Tchoungang dans sa diatribe crache du venin sur le journalisme d'Equinoxe et parle de " journalisme de caniveau ". Alors question : qui veut museler Equinoxe Tv ? " Me Jean Paul Ngalle Miano, défenseur de la presse indépendante, réveilles-toi... Les félons de 93 sont de retour ". Selon certains experts, le journaliste d'Equinoxe television reste dans son rôle. L'on en vient à se demander si Me Charles Tchoungang est une seule fois monté au créneau pour condamner la dérive éditoriale du media de son illustre client ? Très récemment, se souviennent certains observateurs, l'on n'a pas entendu un seul mot de l'éminent avocat lorsque le média de son client s'en prenait à l'ancien Dg des Impôts ou au ministre d'Etat, secrétaire général de la présidence de la République, les traitant de tous les noms d'oiseaux ? Aux yeux de nombreux observateurs, la sortie de Me Charles Tchoungang sonne comme le déclic de la descente aux enfers de son client. Wait and see !