Elle a poussé les ministres de la Santé et du Tourisme à animer une conférence de presse vendredi. Kailesh Jagutpal et Steve Obeegadoo, tout en se voulant rassurant, ont fait part du fait qu'un cas avait été détecté dans un hôtel et que seuls une dizaine d'autres ont été recensés chez des touristes depuis la fin de l'année dernière. Son nom : la légionellose.
La légionellose est, en fait, selon la définition de l'Organisation mondiale de la santé, une maladie de gravité variable allant d'une atteinte fébrile bénigne à des formes parfois mortelles de pneumonie. Elle est due à une exposition aux espèces de bactéries du genre Legionella que l'on trouve dans l'eau et dans les terreaux contaminés. Les cas de légionellose sont souvent classés en fonction du type d'exposition (légionellose communautaire, du voyageur ou nosocomiale).
Dans le monde entier, Legionella (L.) pneumophila, transmise par l'eau, est la cause la plus courante des cas d'infection et de flambées. On trouve couramment cette espèce et les espèces apparentées dans les lacs, les rivières, les torrents, les sources chaudes et d'autres plans d'eau. On peut trouver d'autres espèces, comme L. longbeachae dans les terreaux pour rempotage. La bactérie L. pneumophila a été identifiée pour la première fois en 1977 comme étant la cause de cas de pneumonie sévère dans un centre de congrès aux ÉtatsUnis en 1976. On lui a depuis lors attribué des flambées en relation avec des systèmes d'eau artificiels mal entretenus.
La probabilité de maladie dépend des concentrations bactériennes dans la source d'eau, de la production et de la dissémination d'aérosols, de facteurs liés à l'hôte, comme l'âge et des affections préexistantes, et de la virulence de la souche particulière de Legionella. La plupart des infections n'entraînent pas de maladie.
La cause
Les bactéries Legionella présentes dans l'eau ou les terreaux de rempotage sont l'agent causal. L'espèce L. pneumophila, présente dans l'eau douce, est la cause la plus courante et on la retrouve dans les milieux aquatiques naturels du monde entier. Néanmoins, les systèmes d'eau artificiels, qui créent des environnements favorables à la multiplication et à la dissémination de Legionella, constituent les sources les plus probables de la maladie.
La bactérie vit et se multiplie dans les systèmes d'eau à des températures comprises entre 20 et 50°C (température optimale de 35°C). La voie la plus courante de transmission de Legionella passe par l'inhalation d'aérosols contaminés provenant d'eau contaminée. Les sources d'aérosols que l'on a associées à cette transmission sont les tours de refroidissement des systèmes d'air conditionné, les systèmes d'eau chaude et froide, les humidificateurs d'air et les bains à remous. L'infection peut également se produire par aspiration d'eau ou de glace contaminées, notamment chez les malades hospitalisés sensibles et par exposition des nouveau-nés lors des accouchements dans l'eau. À ce jour, il n'existe aucune preuve d'une transmission interhumaine directe.
On pense que la légionellose est présente partout dans le monde. L'incidence de la légionellose varie largement en fonction du niveau de surveillance et de notification. Comme de nombreux pays ne disposent pas des moyens adaptés pour diagnostiquer l'infection ou n'ont pas de systèmes de surveillance suffisants, la fréquence véritable est inconnue. En Europe, en Australie et aux États-Unis, on détecte environ 10 à 15 cas par million d'habitants par an. Sur l'ensemble des cas notifiés, 75 à 80 % ont plus de 50 ans et 60 à 70 % sont des hommes. Les autres facteurs de risque de légionellose contractée dans la communauté ou pendant les voyages sont les suivants : tabagisme, antécédents de consommation importante d'alcool, maladies pulmonaires, immunosuppression, maladies respiratoires ou rénales chroniques.
Symptômes
La légionellose est un terme général décrivant les formes pulmonaires ou non d'infection par Legionella. La forme non pulmonaire (maladie de Pontiac) est un syndrome grippal aigu, guérissant spontanément et durant en général de 2 à 5 jours. La période d'incubation va de quelques heures à 48 heures. Les principaux symptômes sont de la fièvre, des frissons, des céphalées, un état de malaise et des douleurs musculaires (myalgies).
Aucun cas mortel ne s'associe à ce type d'infection. La maladie des légionnaires, sa forme pulmonaire, a une durée d'incubation allant de 2 à 10 jours (pouvant atteindre 16 jours, comme cela a été enregistré lors de flambées épidémiques). Les symptômes initiaux sont de la fièvre, une perte d'appétit, des céphalées, un état de malaise, une léthargie. Certains patients peuvent aussi présenter des douleurs musculaires, de la diarrhée et un état confusionnel.
On observe aussi en général une toux initiale bénigne mais jusqu'à 50 % des patients peuvent expectorer des mucosités. Des traitements existent, mais il n'y a actuellement aucun vaccin contre la maladie des légionnaires. La prévention dépend de l'application de mesures de lutte pour réduire le plus possible la multiplication de Legionella et la dissémination d'aérosols. Ces mesures comprennent un bon entretien des appareils, avec des nettoyages réguliers et la désinfection, et l'application d'autres mesures physiques (température) ou chimiques (biocides) pour empêcher autant que possible la multiplication.