Tunisie: Khalil Laabidi - "Un projet d'envergure internationale... "

20 Février 2023
interview

Rencontré en marge de la conférence de presse tenue récemment pour annoncer l'organisation de la deuxième édition du Forum international de la RSE, Khalil Laabidi, commissaire général de cette deuxième édition, nous a accordé cet entretien.

En quoi diffère cette édition de la précédente ?

Après une 1ère édition qui a tenu toutes ses promesses, le forum international de la RSE revient cette année pour une deuxième édition plus prometteuse et plus internationale. L'objectif de cette édition c'est d'attirer l'attention sur l'importance de la question RSE en Tunisie et dans le monde de l'entreprise, d'une manière générale.

Pour certains, cette question peut paraître parfois comme une contrainte pour mobiliser des fonds ou pour avoir des marchés à l'international à l'heure où les questions RSE sont exigées par des bailleurs de fonds internationaux dans leur objectif. Mais il s'agit aussi d'une question bénéfique pour l'entreprise parce que la RSE améliore l'environnement intérieur de l'entreprise, parce qu'elle sème les graines de justice et de paix sociale au niveau de l'entreprise, parce que l'employé se sent bien traité puisqu'on s'occupe de lui et de ses problématiques, de son cadre de travail, de ses horaires de travail, de sa santé...

Par ailleurs, au niveau de l'environnement extérieur de l'entreprise, la société ne doit pas altérer son environnement extérieur par des rejets de déchets, de gaz... Et au fil du temps, on a vu ce qui a été fait ces dernières années surtout l'impact de l'industrie qui a été installée sur la côte tunisienne, ce qui a été fait à Gabés, à Tunis, au port de La Goulette... Si, à cette époque, on avait une conscience aux questions RSE, on n'aurait pas procédé de cette façon-là.

%

Aujourd'hui, la RSE est une obligation. C'est un critère de développement de l'entreprise et c'est une conscience qu'on veut mettre en place. Ce forum sera donc une occasion pour remercier les entreprises qui ont déjà fait des pas en matière de RSE à travers un concours où ils vont présenter des projets qu'on va évaluer et on va décerner des prix sur leur action en matière de RSE.

Il est fréquent de comparer le secteur public au secteur privé. Est-ce le cas pour la RSE ?

Pour la comparaison, elle n'est pas aisée à faire entre les secteurs public et privé, car chacun a ses raisons pour aller vers la RSE. On sait que le secteur public est un secteur qui se finance à l'international, c'est un secteur qui coopère énormément, qui collabore avec plusieurs organisations internationales ... Donc, les objectifs ne sont pas les mêmes, même si l'intérêt est le même.

Pour les entreprises privées, surtout celles qui sont dans des groupes internationaux, elles ont été plus rapides vers les questions de RSE parce que ça devient une discipline au niveau du groupe. Mais aujourd'hui, on voit de plus en plus des entreprises exclusivement tunisiennes qui s'occupent de cette question-là. On commence à voir des choses qui se font. Il ne faut pas oublier aussi qu'il y a une norme internationale 26.000 en matière de RSE. Et dans un futur proche, cette question de RSE va se développer chez nous et on sera des précurseurs au niveau de l'Afrique surtout qu'on parle là d'un événement d'envergure internationale.

Comment la Tunisie peut-elle devenir précurseur au niveau de l'Afrique dans ce domaine ?

La Tunisie a été toujours un pays précurseur à l'échelle continentale grâce à de nouveaux concepts et de nouvelles démarches qui améliorent le quotidien de l'entreprise et de la société d'une manière générale. La RSE est une question de responsabilité qui repose sur trois piliers : la responsabilité sur le plan économique, social et environnemental.

Par ailleurs, avant les années 1970, l'objectif décerné à l'entreprise était de produire et de produire massivement, indépendamment de ses effets sur son environnement, sur elle-même et sur les gens qui y travaillent ... Mais aujourd'hui, on s'est rendu compte que cette course vers la production intensive a détérioré l'environnement global de l'entreprise et nuit à l'entreprise elle-même.

Pour la Tunisie, cela ne date pas aujourd'hui. On a une loi sur la RSE qui date de 2018. Mais il y a, aussi, des lois qui ont succédé à cette loi ; celle sur l'investissement qui comporte des mesures RSE en ce qui concerne la transparence, l'égalité entre l'investisseur étranger et tunisien, en ce qui concerne la gouvernance... Elle comporte aussi des incitations fiscales pour la protection de l'environnement, pour la formation, pour la certification des cadres... Il y a aussi une loi sur l'environnement, la loi sur les PPP... Je cite aussi la loi sur la crowdfinding qui permet un financement alternatif autre que le financement bancaire... Enormément de textes qui ne se prononcent pas comme des lois RSE mais qui protègent le concept RSE. Donc, on ne parle pas d'une seule loi, c'est tout un environnement favorable à la RSE qui existe dans notre pays.

Par ailleurs, la loi de 2018 a prévu de mettre en place un Observatoire national de la RSE. Même si cette entité n'a pas vu encore le jour, grâce à cet événement, à la communication, à la sensibilisation... , ce dossier sera remis sur la table de discussion pour le concrétiser car la conscience et la volonté ne manquent pas pour aller de l'avant.

Vous avez annoncé l'organisation d'un concours RSE. Quels sont les critères de sélection ?

A travers ce concours, on a voulu appeler les entreprises à faire le témoignage pour dire comment elles sont conscientes de cette action, qu'est-ce qu'elles ont fait depuis leur engagement, comment ont-elles commencé ? Certainement il y a des entreprises qui travaillent sur cette question depuis des années, surtout celles implantées à l'international qui sont obligées pour leur visibilité d'être RSE. Mais l'effort est fait aussi par des entreprises tunisiennes, qui travaillent sur le marché tunisien, ce qui est important.

Durant ce concours, on va voir des entreprises dans la télécommunication, les énergies, l'industrie textile, l'industrie de transformation, l'agriculture, les technologies de transformation, l'assurance, les banques, la finance... Ces entreprises ont, d'ores et déjà, manifesté leur volonté d'être avec nous.

Donc ce concours va nous permettre de mesurer, avec précision, la conscience des entreprises et de l'administration tunisienne en matière de la RSE. Il va nous permettre aussi de suivre les actions qui ont été faites, de mettre en place des guidelines ou des orientations générales pour encourager les entreprises à aller dans ce domaine-là. Ce sera un catalyseur en matière de RSE sans vraiment intervenir d'une façon directe. C'est donc un pourvoyeur d'informations et de statistiques sur la question des RSE dans notre pays.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.