Afrique de l'Ouest: Sanctions contre le Burkina, le Mali et la Guinée - La CEDEAO veut maintenir la pression sur les putschistes

Sommet CEDEAO
20 Février 2023

En marge de la 36e session ordinaire de l'Assemblée générale de l'Union africaine (UA), s'est tenue la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO) à Addis-Abeba en Ethiopie.

A l'occasion, les dirigeants de la sous-région ouest-africaine ont non seulement décidé de maintenir les sanctions contre les trois pays en transition à savoir le Burkina Faso, la Guinée et le Mali, mais aussi ils ont imposé une interdiction de voyager aux membres du gouvernement et autres hauts fonctionnaires des trois pays concernés.

Pour un camouflet, c'en est un pour ces trois pays dirigés par des militaires, qui, à travers leurs chefs de diplomatie respectifs, plaidaient pour une levée des sanctions à eux imposées. Plutôt qu'un allègement des sanctions, ils ont eu droit à un durcissement de ton de la part des têtes couronnées de la CEDEAO qui espèrent ainsi décourager les coups d'Etat, mais aussi maintenir la pression sur les putschistes.

Elles n'ont peut-être pas tort. Car, si les autorités burkinabè de la transition donnent l'impression de vouloir respecter les engagements pris à travers l'organisation des élections à bonne date, on ne peut pas en dire autant pour le Mali et la Guinée où tout laisse croire que l'on s'achemine vers une prolongation de la transition ; tant les autorités intérimaires jouent la montre. A cela s'ajoute le projet de fédération Burkina-Mali-Guinée que les dirigeants de l'organisation ouest-africaine voient d'un très mauvais œil, dans la mesure où cela ressemble plus à un front anti-CEDEAO qu'à un simple outil d'intégration.

Le Burkina Faso, la Guinée et le Mali gagneraient à donner des gages de bonne foi

On oublie volontiers le verrouillage des espaces politiques par les autorités militaires des trois pays, perçu comme une atteinte aux libertés individuelles et collectives qui doivent caractériser l'Etat de droit. Tout cela peut avoir motivé les décisions de la CEDEAO qui appelle cependant à accompagner la mise en œuvre des feuilles de route de la transition tout en renforçant l'appui sécuritaire et humanitaire aux pays touchés par les affres du terrorisme afin d'atténuer le calvaire des populations.

Cela dit, plutôt donc que de vouloir faire dans la défiance, le Burkina Faso, la Guinée et le Mali gagneraient, à travers des actions concrètes, à donner des gages de bonne foi pour autant qu'ils souhaitent reprendre leurs places respectives au sein de la CEDEAO qui, à l'évidence, n'est pas non plus exempte de tout reproche. Car, certains dirigeants de cet espace communautaire sont loin d'être des exemples en matière de démocratie et de bonne gouvernance si fait qu'ils semblent rétifs à toute idée d'alternance.

C'est le cas, par exemple, du président togolais, Faure Gnassingbé qui, en plus d'avoir érigé la terreur en mode de gouvernance, refuse de s'imaginer une autre vie en dehors du pouvoir. Certes, les élections sont régulièrement organisées au Togo, mais à chaque fois, c'est un Gnassingbé qui gagne. Comment donc ne pas s'indigner de voir de tels dirigeants qui se soucient de la démocratie comme d'une guigne, s'ériger en donneurs de leçons au point de prendre des sanctions contre des auteurs de changements anti-constitutionnels ?

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