Ile Maurice: La stérilisation des animaux errants prioritaire mais elle prend du temps...

20 Février 2023

Plusieurs plateformes sur les réseaux sociaux publient des photos de petits chiens ou chats qui ont été abandonnés. Ceux qui les ont hébergés pour quelques jours recherchent des personnes qui voudraient leur donner un foyer permanent. Cela relance la question de la stérilisation. Où en est-on au niveau de la Mauritius Society for AnimalWelfare (MSAW)? D'autant que plusieurs ONG s'engagent aussi dans cette voie...

La stérilisation est le cheval de bataille de la MSAW. C'est ce qu'a déclaré son directeur, Julien George dans la newsletter de l'organisme. "Nous voulons créer un écosystème durable pour le contrôle de la population canine à Maurice. Le problème de chiens errants perdure depuis de nombreuses années, et si des mesures drastiques, cohérentes et concrètes ne sont pas prises, la situation se compliquera davantage dans le temps." Julien George reconnaît que les propriétaires d'animaux domestiques se doivent de prendre leurs responsabilités avec beaucoup de sérieux. "Il y a un manque d'éducation par rapport à la cause animale, l'absence de connaissance et de communication sur les bienfaits et l'importance de la stérilisation."

La MSAW s'est même fixé un objectif à atteindre d'ici juin 2023. "En fonction de l'enveloppe financière que le gouvernement nous accorde, nous visons 10 000 stérilisations et l'enregistrement de 50 000 chiens. J'ai le sentiment qu'une partie de la population est consciente que le problème de chiens errants et la cause animale sont l'affaire de tous, et non l'affaire d'une personne, d'un groupe ou celle de la MSAW uniquement." Linley Moothien, président de l'ONG Quatre Tilapat, ne croit pas que la stérilisation puisse se matérialiser sans structure. "On lance des campagnes de communication sociale, on crée de l'évènementiel, mais cela ne suffit pas. Il faut qu'il y ait une structure, un lieu où l'on pourra accueillir les chiens en errance."

Selon lui, il faut déjà penser à séparer les chiens en plusieurs catégories. "Il faut qu'un endroit accueille les femelles, un autre les mâles et un troisième lieu ceux qui sont stérilisés, un sanctuaire pour les chiens... " Pour lui, tous ces animaux nécessitent de l'attention. "Ma question est de savoir s'il y aura suffisamment de fonds pour stériliser un grand nombre d'animaux." Il parle ainsi d'un projet qui lui tient à coeur et qui va bientôt prendre forme. "J'ai beaucoup investi dans ce projet. C'est une ambulance mobile qui va soigner les chiens et ramasser ceux qui ont fait des accidents et que personne ne semble voir. Ce sera une unité citoyenne."

Manishi Doolub-Gaungoo, fondatrice de l'ONG Wellbeing of Strays, reconnaît que depuis le début de cette année, de nombreuses femelles ont mis bas. "Pourtant, beaucoup d'accent a été mis sur la stérilisation, l'année dernière. Nous avions l'habitude d'en faire 300, mais en 2022, nous en avons fait plus de 1 200, grâce au soutien des compagnies privées et du CSR. Cette année, nous espérons faire plus." Toutefois, elle pense qu'elle mettra plus d'accent sur la stérilisation des chats cette fois-ci. "La MSAW donne des vouchers aux propriétaires pour qu'ils fassent stériliser leurs chiens, alors nous allons nous concentrer sur les chats." Manishi Doolub-Gaungoo s'est aussi lancée dans l'adoption des chiots et chatons. "On en trouve plusieurs sur le chemin où ils ne sont pas en sécurité. On aurait aussi apprécié que les gens puissent adopter ceux qui sont adultes aussi. Même si cela est difficile."

Elle ajoute que plusieurs touristes n'hésitent pas à ramener les chiens qu'ils rencontrent chez eux. "On voit qu'ils sont des animal lovers. Certains Mauriciens ne considèrent pas leurs chiens comme un membre de leur famille mais plus comme un gardien." La fondatrice de l'ONG Wellbeing of Strays avance qu'un soutien du gouvernement ne serait pas de trop. "Pourquoi ne pas créer des shelters pour ces animaux afin qu'ils ne traînent pas sur les routes. Qu'on les mette dans un endroit sécurisé. Plusieurs associations travaillent avec les moyens du bord pour arriver à offrir un tel lieu à ces animaux. C'est très difficile." Elle soutient que les associations dépendent à 100 % des donations faites par ceux qui ont à coeur le bien-être des animaux.

Que pensent nos interlocuteurs des actes de cruauté recensés ces derniers temps envers les animaux ? Pour Linley Moothien, le Directeur des poursuites publiques (DPP) doit durcir la ligne. "Grâce à mon ambulance, je serai sur le terrain et je pourrais voir ce qui se passe réellement et en parler. Je voudrais rassembler les citoyens, surtout ceux qui militent pour la cause animale... " De son côté, Manishi Doolub-Gaungoo pense que la police de même que les autorités se doivent de prendre ce dossier avec plus de sérieux. "Il y a des gens qui maltraitent toujours leurs propres animaux. Ils n'en prennent pas soin. On en voit plusieurs sur les réseaux sociaux. Il y en a même qui jettent des pierres sur les chiens." Elle lance un appel aux autorités pour que de tels actes soient condamnables.

Une petite aide pour sauver Humpty

Le petit Humpty, un chat d'environ deux ans, a besoin de vous. En effet, victime d'une infection, le chat a dû subir une intervention aux yeux. Et le vétérinaire n'a eu autre choix que de les lui enlever. "Il est aveugle depuis janvier. Si les interventions se sont bien passées, il nous faut à présent lui donner ses médicaments et surtout lui trouver un toit", confie Manishi Doolub-Gaungoo de l'ONG Wellbeing of Strays. "Vetocare a pris en charge l'intervention. Aujourd'hui, il y a une personne qui s'occupe de lui, mais elle ne pourra plus prendre soin de lui. Si une personne peut lui donner de l'amour et de l'affection, ce serait bien." L'appel est lancé...

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.