Un sujet d'actualité qui a fait réagir. Les avis sur les engrais chimiques améliorés prévus cibler deux cent vingt-cinq agriculteurs pour booster l'autosuffisance alimentaire se font entendre.
Des pour et des contre. Au lendemain de l'annonce de la distribution et de la vente à bas prix des engrais améliorés au sulfate d'ammonium par le président de la République, Andry Rajoelina à Morarano Chrome jeudi dernier, des avis fusent sur les avantages et les inconvénients du projet. Les uns disent que c'est hyper dangereux pour les sols et le devenir des plantes, des forêts et des eaux, d'autres argumentent sur le rendement rizicole et agricole issu de l'utilisation de ce type d'engrais. Des spécialistes, des ingénieurs agronomes, des agriculteurs et des représentants d'associations de riziculteurs ont livré leurs raisonnements.
" Les engrais chimiques impactent sur l'environnement et la biodiversité toute entière. Les acides sulfuriques et chlorhydriques détruisent les fixateurs naturels d'azote, élément essentiel à toute culture. Le sol devient ainsi pauvre et meurt petit à petit. Les agents chimiques polluants rejoignent les cours d'eau, les puits et les sources d'eau " explique un spécialiste de l'agriculture. Une autre source avance que les éléments chimiques favorisent la naissance des mauvaises herbes, les ravageurs de riz et de culture. Ils réduisent également le taux d'oxygène dans les eaux et les champs. " Le monde progresse dans l'utilisation des engrais biologiques et nous, nous reculons avec les engrais chimiques" réagit un agriculteur. L'État entend faire un don de 500t d'engrais au sulfate d'ammonium dans onze régions, et le reste sera vendu à bas prix, à 1500 ariary le kilo.
Conjugaison
L'urée usuelle actuelle est vendue à pas moins de 5000 ariary le kilo. Le rendement rizicole de 5t à l'hectare est en ligne de mire. D'autres spécialistes et des ingénieurs agronomes égaient un peu le tableau noir de ceux qui s'opposent à l'utilisation de ce type d'engrais chimiques améliorés au sulfate d'ammonium, issus du traitement du nickel et du cobalt par la société Ambatovy. " C'est comme les médicaments. Un corps meurt s'il y a excès d'antibiotique. Nous vivons avec les engrais chimiques depuis des générations, l'important est de savoir doser les autres composants qui vont obligatoirement avec les engrais dits chimiques " explique un ingénieur agronome. Le riz irrigué conviendrait à ce type d'engrais, d'après toujours les explications.
L'utilisation des engrais chimiques améliorés ou engrais minéralisés a été demandée par des agriculteurs depuis 2018. L'engrais " miracle ", issu du traitement par Ambatovy est source d'azote et de soufre, et efficace selon la JICA, pour une meilleure production sur sols pauvres en soufre. " Des essais ont été réalisés avec la culture du riz pendant cinq ans. Des analyses ont été minutieusement menées en laboratoire pour détecter la qualité les éléments essentiels d'azote et de soufre dans les engrais " confirme le DG du centre de recherche FOFIFA, Aimé Lala Razafinjara. Pour répondre aux questions sur les engrais biologiques, un spécialiste souligne que l'utilisation des deux types d'engrais, biologique et chimique à Madagascar va en parallèle, et ce jusqu'en 2025. Les engrais chimiques devraient normalement disparaître peu à peu à partir de 2026 pour faire place aux engrais agroécologiques et biologiques.