Burkina Faso: 51 militaires tués à Déou-Oursi - La première vraie épreuve du capitaine Traoré

Les Cassandres, qui n'ont jamais bonne presse, avaient donc raison : le temps mis pour rendre public le bilan ne présageait rien de bon. C'est en effet quatre jours après l'embuscade dont a été victime une unité militaire entre Déou et Oursi dans la province de l'Oudalan que les premiers chiffres officiels ont été annoncés hier lundi 20 février 2023 par l'état-major général des armées.

Du communiqué de la direction de la Communication et des Relations publiques des armées, il ressortait ainsi provisoirement que huit corps de nos valeureux soldats avaient été retrouvés sur le champ de bataille, que trois blessés avaient été évacués et que plusieurs militaires étaient toujours recherchés. Alllah soit loué, une soixante de terroristes avaient aussi été tués au cours de la contre-offensive aérienne qui a suivi et du matériel détruit.

En début de soirée, nouveau communiqué de presse de la DCRPA. Cette fois les chiffres sont beaucoup plus apocalyptiques que dans la matinée. 43 cadavres supplémentaires de nos éléments ont été retrouvés, établissant le bilan à 51 victimes tandis qu'une centaine d'autres de prétendus djihadistes étaient neutralisés, portant donc le total à 160.

Pour être lourd, il l'est à n'en pas douter. Qui pis est, il n'est pas encore définitif et il faut craindre qu'on ne se rapproche au décompte final des 70-80 martyrs avancés dès le week-end par certaines sources. C'est lourd. C'est la première hécatombe enregistrée par nos Forces de défense et de sécurité depuis l'avènement du MPSRII qui a emmené le capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir et dont c'est la première vraie épreuve militaire en tant que chef suprême des armées. L'officier subalterne qu'une certaine opinion avait tout de suite présenté comme l'ersatz d'un certain Thomas Sankara, était apparu dès le 30 septembre 2022 comme le messie venu nous délivrer du fléau qui nous ronge depuis sept interminables années.

Le carnage de Déou-Oursi intervient du reste quelque deux semaines après l'interview télévisée du président quatre mois après son arrivée aux affaires ; un entretien duquel transparaissaient un certain optimisme et une détermination certaine quant à la victoire finale sur la pieuvre tentaculaire qui nous étouffe de ses multiples bras qui semblent repousser chaque fois qu'on les a coupés. Mais que de larmes, de sueur et de sang il faudra encore verser pour y parvenir comme vient de nous rappeler Oursi dont la mare aux oiseaux, site bucolique jadis prisé des touristes et inscrit sur la liste Ramsar des zones humides d'importance internationale, a viré depuis belle lurette au rouge sang.

Le drame de vendredi dernier vient aussi battre en brèche l'idée selon laquelle les GAT s'en prendraient dorénavant aux populations civiles aux mains nues faute de s'attaquer à nos troupes qui ont certes fait de solides acquisitions depuis un certain temps (hélicoptères de combat, drones, etc.) mais qui ne sont pas pour autant devenues une invincible armada. . Raison de plus pour avoir le triomphe modeste quand nous enregistrons des succès.

Cela dit, il ne fallait certainement pas être naïf au point de s'attendre à ce qu' IB arrache en un tour de main une mauvaise herbe qui a mis des années à s'enraciner et lors de son rendez-vous cathodique avec ses compatriotes, il ne se faisait guère d'illusion sur les épreuves qu'il faudra endurer, encore et encore, pour restaurer la paix et l'intégrité de ce territoire dont une bonne partie échappe à notre contrôle.

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