Le Togolais Yao Agbetse, expert indépendant des Nations Unies (ONU) sur la situation des droits de l'homme en République centrafricaine (RCA), estime à l'issue d'une mission de dix jours en RCA " des voies de fait (ont été) commises par les forces bilatérales russes sur les dépositaires de l'autorité publique au niveau local ".
L'expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme en Centrafrique accuse les paramilitaires russes présents dans le pays d'exactions contre la population, mais aussi contre des officiels et des militaires centrafricains " soumis à des actes de torture et à des mauvais traitements ", selon son communiqué de fin de mission.
Le Togolais Yao Agbetse vient de passer dix jours dans le pays. Il relate des allégations d'enlèvements, de séquestrations et d'exécutions sommaires de civils, en particulier dans la préfecture de la Mambéré-Kadéï, dans l'ouest du pays. Des exactions qui touchent aussi des autorités ou des corps " habillés ".
" Ce que j'ai constaté aussi, c'est qu'il y a aussi des voies de fait commises par les forces bilatérales russes sur les dépositaires de l'autorité publique au niveau local, que ce soient les maires, les préfets, même les membres des Forces armées centrafricaines (Faca), détaille-t-il au micro de François Mazet. Et ça, également, ce n'est pas de nature à permettre une collaboration franche et authentique, parce que les forces bilatérales sont censées venir en appui aux Faca. Et lorsqu'ils commettent ce genre de faits, d'exactions, je crois que c'est inadmissible. Et ça également, ça doit cesser ".
Yao Agbetse poursuit sur ces violences physiques imputées aux Russes : " Il y a des témoignages qui sont concordants, plusieurs témoignages qui font état des exactions commises par les forces bilatérales russes sur les préfets, les maires, les sous-préfets, les commissaires de police, les commissaires de gendarmerie, mais également les Faca. Ce sont des faits qui sont recoupés et qui, au final, se sont avérés juste, en fait. "
Enfin, l'expert indépendant de l'ONU déplore également les entraves posées par les paramilitaires russes à la mission de la Minusca auprès de l'armée nationale, notamment pour l'empêcher d'utiliser ses moyens de soutien aérien.
Plus généralement, il s'inquiète de l'augmentation continue des violations des droits humains en 2022. Sur le dernier trimestre, 483 atteintes et 1 300 victimes civiles ont été recensées par la Minusca. Les groupes armés étaient responsables de 42% des violations enregistrées, contre 58% pour les Faca et les forces bilatérales. Les incidents se sont notamment multipliés au niveau des barrières érigées sur les routes.