En réaction à l'audit du Fonds de riposte et de solidarité covid-19 (FRSC) récemment publié par la cour des comptes, le gouvernement a sorti un communiqué le 9 février dernier.
Communiqué dans lequel l'exécutif cornaqué par Victoire Dogbé dit trouver les ressources mobilisées à travers le FRSC " utilisées conformément aux clauses des accords de dons et de prêts d'une part, et dans le respect des textes en vigueur et de ceux pris dans le contexte d'urgence sanitaire d'autre part ".
Quant au paiement de dépenses inscrites dans le budget de l'État, même combat : il est " conforme aux textes en vigueur y compris ceux pris pendant la période d'urgence sanitaire ", informe le communiqué qui enchaîne avec les mesures économiques et sociales prises en vue de soulager la population face aux difficultés liées à la pandémie, lesquelles ont été " appliquées dans la transparence et dans la conformité aux textes en vigueur ".
S'agissant des commandes publiques, elles ont été effectuées " conformément aux procédures de passation des marchés en vigueur " et les dépenses relatives aux mesures barrières, de riposte ou sanitaires sont " conformes, régulières et sincères ". Une fois qu'on a lu la première page dudit communiqué, on n'a plus envie d'en lire la deuxième, puisque le gouvernement prend littéralement le contre-pied de ce qui a été révélé par l'institution en charge de la vérification des recettes et des dépenses inscrites dans les comptabilités publiques.
Le gouvernement a beau prendre note des " insuffisances relevées par la cour des comptes ainsi que des observations et des recommandations formulées ", son communiqué semble sorti pour cacher les apparences et parer au plus pressé. Il fallait circonscrire au plus vite l'incendie qui a déjà pris des proportions inquiétantes sur la toile. Il fallait monter au créneau, travailler à effacer on ne sait quels indices, bref défendre l'indéfendable.
Le ministre de la Communication et des Médias et porte-parole du gouvernement Akodah Ayewouadan n'a-t-il pas fait la part du feu le 9 février avec un sans-gêne digne des personnages de la commedia dell'arte ? Doit-on outre mesure s'étonner de ce déni, de cette dénégation ? A quoi bon alors avoir commandité cet audit si c'est pour finalement en rejeter les résultats ? On croit rêver. S'offrir le piteux rôle de défaiseur du travail de fond tel qu'opéré par la cour des comptes, il faut être sacrément culotté pour le faire.
On serait dans un État sérieux, la justice se serait autosaisie, le président lui-même aurait réagi de façon que chaque irrégularité soit démontée, pièce par pièce, et que le moindre coupable soit traduit devant les tribunaux et puni d'autant. Mais le Togo est une curiosité.