La Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) a procédé ce 17 février à la fermeture de sa base de Mutwanga, située à une cinquantaine de km au sud-est de la ville de Beni au Nord-Kivu. Cette fermeture entre dans le cadre de son plan de transition qui préconise un retrait progressif, ordonné et responsable de la MONUSCO de la RDC, notamment à la suite de l'accalmie observée dans la zone depuis plusieurs mois.
Cette décision qui, bien que marquant une amélioration significative de la situation sécuritaire dans cette partie de la province, ne réjouit pas forcément les populations locales habituées à la présence des Casques bleus de la MONUSCO. Une présence qui a pesé lourd dans la dissuasion des forces négatives.
Ces populations craignent de possibles résurgences d'attaques envers des civils par des groupes armés comme c'était le cas deux ans avant l'installation de la base de la Mission dans cette zone.
Rappelons que la MONUSCO avait installé cette base dans cette localité en 2021 pour lutter contre ces groupes armés et sécuriser ainsi les populations, aux côtés des forces armées congolaises FARDC.
Jeudi 16 février, lors de la cérémonie officielle de fermeture de cette base militaire, les autorités locales ainsi que les représentants de la population du secteur des Ruwenzori ont salué le travail abattu par les soldats de la paix des Nations Unies, et qui a permis à la communauté de recouvrer la paix et une vie normale qu'elle avait perdue depuis de nombreuses années.
Pour la MONUSCO, le fait de se retirer de Mutwanga est un signe que "la mission a été accomplie et que la sécurité est revenue dans la zone".
De la joie, mais aussi de la peur
Au cours de la cérémonie officielle, Sifa Mbahingana Kanyere, membre du Groupe des activités basées sur le genre à Mutwanga, a exprimé sa satisfaction quant aux progrès réalisés par la MONUSCO en termes de rétablissement de la paix. " La sécurité est là, mais les jeunes ne comprennent pas le mandat de la MONUSCO ".
Sifa Kanyere est revenue sur l'appui logistique qu'apporte la Mission aux FARDC : " La MONUSCO nous aide à ravitailler les FARDC avec du carburant. La MONUSCO nous a ramenés la sécurité, mais certains jeunes manquent de connaissances sur ce qu'elle nous apporte. Avec la MONUSCO, la sécurité est là ".
Et d'ajouter : " C'est avec regret que nous avons accueilli cette décision de fermeture de la base de Mutwanga. La population était d'accord pour que la MONUSCO puisse rester à Mutwanga. À 70%, je peux dire que la population de Mutwanga regrette son départ ".
Réagissant aux inquiétudes de la population par rapport à son départ, la MONUSCO a affirmé qu'elle garde une autre de ses bases dans le secteur de Ruwenzori ; il s'agit de celle de Kilya. Elle cède aux FARDC celle de Mutwanga, avec une partie de ses installations et équipements.
La MONUSCO se veut plutôt rassurante : " Nous ne quittons pas définitivement la zone, nous ne vous abandonnons pas. Toutefois, il faut rappeler que la protection des civils, c'est d'abord la responsabilité du Gouvernement. Les autres structures sont en place et le renforcement de capacités va continuer ", a déclaré le coordonnateur des Affaires civiles de la MONUSCO pour la région de Beni-Butembo-Lubero.
Merault Ahouangansi a par ailleurs recommandé à la population de renforcer le lien avec les forces de sécurité nationales afin de pérenniser les acquis de ces deux années de présence qui ont permis d'atteindre les résultats salués unanimement aujourd'hui.
