À Jos, au nord d'Abuja, ville marquée par des affrontements meurtriers entre les deux communautés il y a une décennie, les militants des différents partis tentent de convaincre leurs voisins.
Sur une des artères de Jos, une caravane de campagne du candidat Bola Tinubu distribue des petites bouteilles de détergent aux couleurs de l'APC.
Usman Abubakar, lui, fait plutôt du porte-à-porte. Que son candidat et son colistier soient tous deux musulmans n'est pas un obstacle. " Le directeur local de la campagne de l'APC est un chrétien. Nous arrivons à convaincre de nombreux chrétiens. Rien que ce matin, j'ai dit à beaucoup de gens qu'il fallait voter APC sur la base de la compétence. " Le camp Tinubu promet de restaurer l'économie du Nigeria et de redonner espoir aux habitants.
Yasir Rabiu, lui, milite pour le PDP d'Atiku Abubakar. Il avait devancé Muhammadu Buhari dans l'État de Plateau il y a quatre ans. " Le Nigeria est un État multiculturel. Notre candidat est un musulman et son colistier est un chrétien. Tout le monde peut se sentir représenté ", dit-il.
À Congo Junction, quartier majoritairement musulman, Bello Dauda Gana s'occupe de la campagne des Hausa-Fulani qui militent pour le chrétien Peter Obi. " Dans ma communauté, nous sensibilisons les gens. S'ils voient Peter Obi comme un Nigérian du Sud, qui n'est pas un homme du Nord, nous leur disons "non, là, nous parlons politique, pas religion". Nous leur expliquons : la politique a changé, ce n'est plus comme avant ! " Bello Dauda Gana ne se limite pas à son quartier et prévoit de rayonner dans la ville jusqu'à la dernière heure de la campagne pour convaincre les gens d'aller voter samedi.
Sur les quatre principaux candidats, trois sont musulmans : Bola Tinubu (APC), Atiku Abubakar (PDP) et Rabiu Kwankwasso (NNPP). Peter Obi (Labour Party, Parti travailliste) est chrétien.
■ Un dernier meeting pour Bola Tinubu, le candidat de l'ACP
Avec notre correspondante à Lagos, Liza Fabbian
Le gouverneur de Lagos au micro, Muhammadu Buhari le point levé, un stade de 25 000 places quasiment rempli et une ville bouclée par les forces de sécurité : Bola Tinubu a de nouveau prouvé qu'il est chez lui, dans la capitale économique du Nigeria.
Iyawo est entourée de dizaines d'autres femmes, qui travaillent comme elle pour la compagnie publique de gestion des déchets : " Tinubu aime que les gens aillent à l'école. Il a réparé nos routes, construit des hôpitaux. Il a fait beaucoup pour Lagos. "
Pour beaucoup de soutiens présents dans le stade de Surulere, le facteur communautaire joue également un rôle important, comme pour le jeune Ganiel : " Je veux voter pour un yoruba. Je ne veux plus voter pour quelqu'un qui n'est pas de la même tribu que moi. Le président sortant était Hausa et Peul... Pourquoi est ce que je voterais pour une autre tribu à nouveau ? "
Le candidat du Parti travailliste, Peter Obi, est pourtant plebiscité par une partie de la jeunesse. Mais M. Ola voit des limites dans cette candidature : " Peter Obi n'est pas un mauvais candidat du tout, mais les gens le trouvent opportuniste. Il a quitté son parti pour rejoindre le PDP, de là il a rejoint le PDP... Bola Tinubu lui est resté fidèle à l'APC. Et au fil des années, il a soutenu de bons candidats, plus jeunes que lui. "
Pendant sa longue carrière politique, Bola Tinubu a effectivement su s'imposer comme le véritable " parrain " de la politique Nigériane à tel point qu'il est désormais persuadé que c'est " son tour " de prendre le pouvoir.