Congo-Brazzaville: Décès de Marie-Jeanne Ndjoku - Le Théâtre national a perdu une icône

Le Ballet national n'a pas su effectuer sa répétition hebdomadaire, le 22 février dans la salle Mongita, suite au choc après la disparition de la danseuse Marie-Jeanne Ndjoku, âgée de 72 ans à l'aube du 17 février.

" Lianja mama hé, osali Sausàù nini hé ? Lianja mama hé, osali ba ndeko nayo nini hé ? ", d'aucuns se souviennent sans doute de cette petite rengaine chantée par Marie-Jeanne Ndjoku Masula dans l' "Epopée Lianja". La regrettée danseuse incarnait le rôle principal de la toute première production du Ballet national, l'"Epopée Lianja". Cette œuvre, unique en son genre de 1975, est inscrite dans les annales de la Compagnie du Théâtre national congolais. En effet, aux dires du directeur général, Frederick Ngandu, " elle a fait la renommée du Ballet national au pays et à travers le monde ". Ainsi, a-t-il dit au "Courrier de Kinshasa", la disparue " a beaucoup voyagé avec le Ballet national. Elle a été aux États-Unis, dans l'ex-URSS, avec des productions à Moscou, à l'inauguration du siège de l'Unesco à Paris ; au Japon, en Israël, etc. ". Elle a, a-t-il conclu, " à cette époque-là participé à toutes les grandes sorties du Ballet national ".

Et, ce n'est pas tout car après " l'Epopée Lianja, c'est dans la Légende Elima Ngando qu'elle a joué. Et tout dernièrement, elle avait participé à une tournée organisée par Faustin Linyekula sur l'histoire de la danse en République démocratique du Congo avec maman Wawina et Ikondongo, qui nous a quittés il y a quelques mois, jouant de son instrument monocorde ".

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Pour Frederick Ngandu, l'artiste, illustre entre les années 1975-1980 et même plus tard, ne compte pas seulement parmi les piliers de l'institution bientôt cinquantenaire. Car, a-t-il dit, " C'est elle qui a fait l'histoire du Ballet national ". Recrutée à sa création, en 1974, son apport est jugé significatif dans ses deux grands spectacles susmentionnés de renommée internationale.

Toujours sur scène à 72 ans

Placide Mulumba Mpanga souligne donc qu'avec la mort de Marie-Jeanne Ndjoku, " la Compagnie du Théâtre national congolais a perdu un de ses grands artistes qui a servi loyalement la culture congolaise durant plus de 49 ans ". Le chef de division du personnel de la compagnie a rappelé qu'elle a presté " magistralement " comme " danseuse en solo dans les deux spectacles à grand succès du riche répertoire du Ballet national ". Quitte à abonder dans le même sens que le directeur général, il est revenu sur sa participation à l'inauguration du siège de l'Unesco, au Festival des arts nègres (Dakar 1966, 2010 et Lagos 1977), au Festival panafricain d'Alger en 2009. Et qui plus est, la regrettée Marie-Jeanne Ndjoku était médaillée de Bronze en 1976.

Soulignons qu'encore active, la doyenne des danseuses du Ballet national est apparue sur scène la dernière fois dans "Bumuetu", le 3 décembre 2022, au lancement de la saison artistique 2022-2023 de la Compagnie du Théâtre national congolais dans la salle du Zoo. Placide Mulumba est convaincu " qu'aucune danseuse ne peut l'égaler. Grâce à sa constitution physique, elle avait une belle plastique avant sa prise de poids et était autrefois comptée parmi les plus jolies dames du ballet ". Forte de son expérience, elle encadrait toutes les nouvelles recrues et, " toujours ponctuelle, elle était d'une discipline exemplaire ", a rapporté Fabrice Mukala. Auteur de la pièce de danse "Bumuetu" jouée le 3 décembre dernier, il la tient " pour un modèle pour toutes les générations qui sont passées par le Ballet national et ont beaucoup appris d'elle ".

Rappelons que Marie-Jeanne Ndjoku a rendu l'âme aux Cliniques universitaires de Kinshasa, le 17 février à 4 heures du matin. Née en 1951, elle a intégré le Théâtre national à 23 ans et ne l'a jamais quitté. Elle y a passé toute sa vie et a été emportée à 72 ans après avoir passé 49 ans de carrière dans cette institution.

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