Tunisie: Polémique autour de l'internement de Béchir Akremi - Mesure médicale ordinaire ou antécédent grave ?

22 Février 2023

Quelles sont les réelles raisons qui ont conduit à l'internement de Béchir Akremi à l'hôpital Errazi des maladies psychiatriques. Avait-on refusé la demande de visite formulée par l'Instance nationale pour la prévention de la torture (Inpt) ? Il est vrai qu'en l'absence d'une explication officielle à certains faits, il n'y a plus que la vérité qui compte.

L'arrestation du juge limogé et ancien procureur de la république au Tribunal de première instance de Tunis Béchir Akremi a fait couler beaucoup d'encre et a suscité des réactions divergentes sur fond de rumeurs les plus folles

Dans ce contexte, et dans un poste publié sur les réseaux sociaux par l'ancien ministre Kamel Jendoubi, " Bechir Akremi aurait été emmené de force dans un hôpital psychiatrique à La Manouba après avoir été mis en liberté par le juge. Antécédent grave, l'Instance nationale de protection contre la torture (INPT) a déclaré qu'elle avait été empêchée de lui rendre visite suite au signalement fait par sa fille ", ajoute la même source.

De son côté, l'instance en question avait informé dans un communiqué que ses représentants ont été empêchés d'effectuer une mission afin de visiter, de suivre et d'enquêter sur l'état d'un citoyen placé en hospitalisation obligatoire à l'hôpital, en référence à Béchir Akremi.

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" Dans le total respect la loi "

Le ministère de la Santé a par ailleurs réagi au moment opportun en précisant dans un communiqué rendu public lundi que l'interdiction à l'Instance nationale pour la prévention de la torture (Inpt) de visiter le juge limogé, Béchir Akremi, actuellement placé sous résidence surveillée, et admis au service de médecine légale à l'hôpital Errazi des maladies psychiatriques, est une mesure médicale ordinaire.

Selon la même source, " cette mesure est une procédure adoptée pour des raisons strictement médicales, pratiquée dans les services similaires dans le monde ".

" Une équipe de médecins composée de professeurs universitaires en médecine psychiatrique ont autorisé des membres représentants l'Instance nationale pour la prévention de la torture ce lundi de visiter Bechir Akremi après actualisation de sa situation sanitaire ".

Et d'ajouter que la priorité absolue est accordée à la protection des malades et leur fournir les meilleures prestations sanitaires dans le total respect de la loi.

Le ministère a appelé à épargner l'établissement public de tout tiraillement politique ou idéologique et ce suite à la déclaration de l'un des membres du comité de défense de Béchir Akremi dans laquelle " il présume dans une déclaration à la Tap que la décision d'hospitaliser Akremi, était sur instruction de trois médecins ".

Suite à la publication de cet éclaircissement par le ministère de la Santé, une mission de l'Inpt a pu rendre visite lundi soir au service de psychiatrie légale de l'hôpital psychiatrique Errazi, et s'est enquise des conditions de détention et de traitement des personnes soumises à l'admission obligatoire dans ce département.

L'instance a adressé ses remerciements à la direction de l'hôpital, tout en précisant dans son communiqué que le problème survenu dimanche a été résolu et que le travail de son équipe de visite a été facilité, après avoir pris contact avec la directrice générale de l'hôpital Errazi et la cheffe de cabinet du ministre de la Santé.

A l'issue de cette visite, l'Inpt a réaffirmé à ce titre sa volonté de poursuivre sa mission conformément à la législation nationale et aux normes internationales en la matière.

Concernant la période de son internement, l'avocat et membre du comité de défense Hamadi Zaafrani a expliqué dans une déclaration à une radio privée que la décision revient au premier juge du Tribunal de première instance selon les rapports médicaux.

Pour rappel, le juge limogé Bechir Akremi avait été arrêté dimanche 12 février. Il est accusé d'avoir entravé le bon déroulement des enquêtes se rapportant aux assassinats politiques de Belaïd et Brahmi (dissimulation de preuves).

Dans une déclaration à la Tap, l'avocat Hamadi Zaafrani a affirmé que l'accusé n'avait aucun lien avec ces deux affaires, soulignant toutefois qu'une plainte a été déposée à son encontre par deux agents de sécurité dans le cadre de l'affaire du musée du Bardo (attentat terroriste du 18 mars 2015).

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