Tunisie: Standard & Poor's - Les trois scénarios possibles pour la Tunisie

22 Février 2023

S&P estime que la Tunisie risque de faillir à ses obligations financières si elle ne parvient pas à conclure un accord avec le FMI et à obtenir des soutiens bilatéraux, notamment des pays du Golfe. Ce qui aura pour impact de creuser davantage les déséquilibres de la balance des paiements et des finances publiques.

L'absence d'un accord de financement entre la Tunisie et le Fonds monétaire international met le pays en situation de " défaut de paiement " et pourrait coûter entre 4,1 et 7,6 milliards de dollars au système bancaire tunisien, soit entre 8 et 14,8% du PIB nominal à fin 2023, selon le scénario le plus pessimiste de l'agence de notation Standard & Poor's (S&P). Dans un rapport publié lundi, l'agence de notation américaine a présenté trois scénarios hypothétiques allant d'un " stress faible " à un " stress sévère ". En se basant sur des enquêtes menées auprès d'investisseurs, l'agence a examiné les impacts financiers et économiques potentiels sur le secteur bancaire, qui fait face à une conjoncture " incertaine ".

L'agence a également évoqué dans son rapport, les effets de la pandémie de Covid19 sur le pays, passant en revue les moyens que pourrait utiliser la Tunisie pour financer ses déficits jumeaux et faire face aux risques menaçant le système bancaire. Ainsi, dans le scénario de " stress sévère ", S&P estime que le pays risque de faillir à ses obligations financières, s'il ne parvient pas à conclure un accord avec le FMI et à obtenir des soutiens bilatéraux, notamment des pays du Golfe. Ce qui aura pour impact de creuser davantage les déséquilibres de la balance des paiements et des finances publiques.

%

Cette situation conduirait également à une dépréciation " significative " du dinar tunisien et à une " forte hausse " de l'inflation. Donc de faire subir aux banques "des pertes importantes", augmentant leur besoin de recapitalisation.

En cas d'accord, un autre scénario plus optimiste

En émettant l'hypothèse de voir se profiler un scénario plus optimiste de " stress faible ", l'agence de notation américaine estime que la conclusion d'un accord avec le FMI d'ici à la fin du premier trimestre de 2023 et la mise en œuvre des réformes permettraient de rétablir " progressivement ", la confiance à l'égard de la Tunisie et de relancer les investissements du secteur privé.

A cet égard, les finances publiques et extérieures devraient retrouver une trajectoire " soutenable ". Les banques de la place seraient en mesure d'entamer la mise en œuvre des réformes dirigées par la Banque Centrale de Tunisie (BCT) même si le coût du risque bancaire devrait rester élevé, toutefois sur une tendance baissière par rapport à 2020/2012, estime encore l'agence. Cependant, deux principales sources externe et interne demeurent valables pour ce scénario. D'abord un risque externe en lien avec le ralentissement plus fort en Europe et avec une flambée des prix des matières premières. Et risques internes provoqués par une instabilité politique et une opposition massive aux réformes.

Pour ce qui est du troisième scénario " stress modéré ", Standard & Poor's suppose que l'absence de mise en œuvre des réformes empêcherait le pays de mobiliser les ressources nécessaires pour financer son budget, ce qui ne sera pas sans impact sur le soutien bilatéral et multilatéral.

Faute de soutien extérieur, le gouvernement serait contraint de recourir davantage au marché local, afin de mobiliser des ressources auprès des banques ou d'autres entreprises du secteur public qui disposent suffisamment de liquidité. Ceci pourrait exacerber la pression sur les banques et éroder la rentabilité, précise l'Agence. Au 9 février 2023, le volume de refinancement total du système bancaire auprès de la BCT a atteint 14,5 milliards de dinars. Selon la loi de finances de 2023, la Tunisie doit mobiliser 14,8 milliards de dinars d'emprunts extérieurs.

La directrice du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, avait déclaré lundi 13 février 2023 à des médias arabes, en marge du sommet des gouvernements, organisé à Dubaï, que la finalisation de l'accord conclu en octobre 2022 entre la Tunisie et le Fonds monétaire international sera effectuée "très bientôt".

Cet accord dépend de la mobilisation d'autres fonds de la région du Golfe arabe, de manière à permettre l'application des réformes promises par le gouvernement tunisien, avait-elle détaillé.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.