Le Nigeria élit son président samedi [25.02.23]. Le pays le plus peuplé d'Afrique et l'un des plus dynamiques du continent est en proie à l'insécurité et à la pauvreté.
Situé en Afrique de l'Ouest sur l'océan Atlantique, le Nigeria compte 216 millions d'habitants selon l'Onu (2022). Près d'un Nigérian sur deux vit sous le seuil de pauvreté, selon le gouvernement. Le pays devrait devenir en 2100 le deuxième le plus peuplé au monde derrière l'Inde, prévoit le Lancet, tandis que Lagos, la capitale économique, serait à la même date la ville la plus peuplée au monde, selon d'autres estimations.
Le Nigeria totalise 250 groupes ethniques et linguistiques, dont trois grandes ethnies: les Haoussa (nord) majoritairement musulmans, les Igbo (sud-est) majoritairement chrétiens et les Yorouba (sud-ouest). La charia, la loi islamique, a été instaurée en 2000 dans douze États du Nord (sur 36 dans le pays), provoquant des violences entre chrétiens et musulmans.
Des décennies d'instabilité
Indépendant du Royaume-Uni en 1960, le Nigeria connaît son premier coup d'Etat en janvier 1966. Le 30 mai 1967, le pays igbo (sud-est) fait sécession, déclenchant la guerre du Biafra qui fera en trois ans plus d'un million de morts, principalement de famine. Après des décennies de dictatures militaires, le Nigeria renoue avec la démocratie en 1999. Le président sortant Muhammadu Buhari, ancien général putschiste, est élu en 2015, lors de la première alternance démocratique du pays. Réélu en 2019, il ne brigue pas de troisième mandat, conformément à la Constitution.
Plusieurs dizaines de milliers de morts
La rébellion du groupe jihadiste de Boko Haram depuis 2009 dans le nord-est a fait 40.000 morts et plus de deux millions de déplacés selon l'Onu. En 2014, le monde entier s'était ému de l'enlèvement de 276 lycéennes à Chibok. Plus de cent restent portées disparues.
Né d'une scission avec Boko Haram en 2016, l'Iswap, affilié à l'organisation Etat islamique (EI), est devenu le groupe jihadiste dominant dans le nord-est.
Ces dernières années, un nouveau front s'est ouvert: dans le nord-ouest et le centre, des gangs criminels, qui prospèrent sur les antagonismes entre éleveurs et agriculteurs, opèrent en toute impunité dans les zones rurales, attaquant des villages et pratiquant des enlèvements contre rançon.
L'insécurité et les rapts de masse ont forcé les autorités à fermer depuis fin 2020 plus de 11.000 écoles, contribuant à une forte hausse du nombre d'enfants déscolarisés (18,5 millions en 2022 dont 60% de filles), selon l'Unicef.
Premier producteur de pétrole
Confronté au vol généralisé de pétrole brut, le Nigeria a momentanément perdu, au troisième trimestre 2022, sa place de premier producteur de pétrole d'Afrique au profit de l'Angola, avant de repasser en tête selon les derniers chiffres de l'Opep. Son budget 2023 prévoit une reprise de sa production à 1,69 million de barils de brut par jour, niveau inférieur au quota de 1,8 million de barils imparti par l'Organisation.
La pandémie de Covid-19 a fait plonger l'économie du pays le plus peuplé d'Afrique en récession mi-2020, une première depuis quatre ans. Le Nigeria subit désormais les retombées de la guerre en Ukraine, avec notamment une inflation supérieure à 20%. Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une croissance de 3,2% du PIB en 2023, après 3% en 2022. Le Nigeria est gangrené par la corruption, classé 154e sur 180 en la matière par Transparency International (2021).
La deuxième industrie cinématographique au monde
Le Nigeria est le berceau d'un genre musical qui enflamme la planète, l'Afrobeats. Ses stars, comme Burna Boy ou Wizkid, remplissent les plus grandes salles de concert dans le monde.
Le pays compte des auteurs majeurs, comme Wole Soyinka, premier Africain à recevoir, en 1986, le Nobel de littérature, Chinua Achebe, auteur du roman-culte "Le monde s'effondre", décédé en 2013, ou l'icône mondiale du féminisme Chimamanda Ngozi Adichie.
"Nollywood", l'industrie cinématographique, est quantitativement la deuxième au monde, derrière Bollywood, avec une production de plus de 2.000 films par an. Elle inonde le marché africain de comédies romantiques et a rapporté 660 millions de dollars de revenus au pays en 2021, soit 2,3% du PIB.