Rabat — Le Maroc figure parmi les pays africains qui ont réalisé des progrès considérables en matière de mise en place d'infrastructures, de politiques et de plaidoyers pour améliorer le taux de survie du cancer de l'enfant à 60%, a affirmé, mercredi à Rabat, la présidente de la Société Internationale d'Oncologie pédiatrique Afrique (SIOP Africa), Dr Joyce Balagadde Kambugu.
Lors d'une conférence panafricaine organisée par la Foundation S et le Groupe Franco-Africain d'Oncologie Pédiatrique (GFAOP) sous le thème "Cancers de l'enfant en Afrique : défis, perspectives et solutions", la présidente de SIOP Africa a mis en lumière, dans une allocution vidéo, le positionnement du Maroc sur le plan de la lutte contre le cancer de l'enfant, dans le cadre de l'Initiative mondiale contre le cancer de l'enfant (GICC) lancée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour une meilleure prise en charge du cancer de l'enfant au niveau mondial.
Le cancer de l'enfant "n'est plus la catastrophe d'hier car il a été démontré que 8 enfants cancéreux sur 10 peuvent réellement survivre", a-t-elle souligné, appelant les gouvernements, les professionnels de la santé et les communautés scientifiques à former des équipes multidisciplinaires compétentes pour traiter les cancers de l'enfant, outre le renforcement des réseaux de référence et l'amélioration ou la mise en place de protocoles nationaux pour mener à bien cette mission.
Pour sa part, la responsable de l'Unité Oncologie pédiatrique Niamey, Aichatou Mahamadou, a appelé à profiter des expériences du Maroc en tant que référence qui fait office d'une base de données en faveur du projet de lutte contre le cancer, mettant l'accent sur l'importance du registre du cancer pour pouvoir établir des statistiques et agir pour la bonne cause d'un système de santé fonctionnel.
Intervenant à cette occasion, l'ancien président du GFAOP, Pr Mhamed Harif, a attiré l'attention sur la confusion existante entre cancer de l'adulte et cancer de l'enfant, qui fait croire que ce dernier est un cancer de l'adulte à un âge précoce, expliquant qu'il s'agit d'une maladie complètement différente nécessitant beaucoup de technicité, de qualité et d'organisation.
De son côté, l'administratrice des projets de lutte contre le cancer pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre au Bureau régional de l'OMS pour l'Afrique, Pr Dille Mahamadou Issimouha, a plaidé pour un engagement politique durable, le renforcement des infrastructures et de l'accès aux médicaments et la disponibilité du matériel nécessaire au diagnostic et au suivi des patients.
Elle a, par ailleurs, passé en revue les axes phares de l'Initiative mondiale de l'OMS contre le cancer de l'enfant, dont l'analyse du système de santé, l'élaboration d'une stratégie nationale de lutte contre le cancer, la mise en œuvre d'outils de formation sur la maladie et le renforcement du réseau national, des voies d'orientation et des registres du cancer.
Plusieurs obstacles entravent l'introduction de médicaments, a-t-elle fait savoir, citant la faible analyse de rentabilisation des sociétés pharmaceutiques, la fabrication limitée, le financement insuffisant du secteur public et le manque d'infrastructures.
Dans ce contexte, la présidente du GFAOP, Laila Hessissen, a mis en relief l'élargissement de la formation du personnel de la santé comme pierre angulaire du développement de l'oncologie pédiatrique et de la recherche clinique, à la faveur de formations qui répondent aux critères et standards internationaux, du diagnostic précoce et des protocoles thérapeutiques adaptés et en phase avec les exigences en Afrique.
Ces moyens constituent un catalyseur pour acquérir des compétences et des capacités qui permettront de parer aux difficultés liées au terrain, à savoir la pauvreté, l'analphabétisme, l'éloignement et l'instabilité, a-t-elle relevé.
Dans la même veine, la responsable de l'Unité Oncologie pédiatrique Dakar, Dr Mame Ndella Diouf, a appelé à oeuvrer pour augmenter le taux de survie, assurer l'accès équitable aux médicaments essentiels pour traiter correctement les enfants, consolider le rôle de la société civile et former les prestataires de santé.
Cette conférence a porté sur deux panels, à savoir "Pourquoi le cancer en Afrique n'est plus une fatalité?" et "Comment améliorer la prise en charge des enfants malades et le soutien aux familles".
Elle a été l'occasion pour Foundation S et le GFAOP de réaffirmer leur engagement à collaborer sur des initiatives communes pour soutenir l'objectif de l'OMS d'atteindre un taux de survie d'au moins 60% pour tous les enfants du continent africain atteints de cancer d'ici 2030.