Après avoir subi de plein fouet les conséquences de la pandémie de la Covid-19, le secteur touristique sénégalais a repris du poil de la bête. Pour maintenir cette belle dynamique, le Chef de l'Etat a instruit le Ministère du Tourisme de développer les zones touristiques émergentes. Dans cet entretien, le ministre Mame Mbaye Niang fait le point sur cette directive présidentielle, prétexte pour lui de revenir, en détail, sur la politique touristique du gouvernement en cours d'exécution.
Monsieur le Ministre, vous êtes à la tête du département du Tourisme depuis le mois de septembre. Un poste que vous aviez occupé par le passé. On peut dire que vous êtes en terrain connu, n'est-ce pas ?
Tout à fait, j'avais déjà eu la confiance du Son Excellence le Président Macky Sall, de 2017 à 2019. Effectivement, je peux dire que je suis en terrain connu. Pour rappel, j'avais déjà commencé à mettre en œuvre plusieurs axes de la nouvelle politique de développement durable du tourisme conformément à la vision du Chef l'Etat définie dans le Plan Sénégal Emergent (Pse). En 2017, j'étais convaincu à mon arrivée à la tête du Ministère, qu'il fallait nécessairement diversifier l'offre de produits touristiques. Aujourd'hui, le département dont les missions sont étendues aux loisirs, déroule d'ambitieux programmes qui, à terme, confortent le rôle primordial du tourisme comme vecteur de croissance durable et inclusif. C'est dans cet ordre d'idée que le cadre légal ainsi que les documents de politiques générales seront également revus dans la perspective du Pap3.
Après avoir connu une période très difficile à cause de la pandémie de la Covid-19, le tourisme semble avoir retrouvé un nouveau souffle. Quels sont les leviers que vous comptez actionner pour que le secteur continue de jouer un rôle moteur dans l'économie sénégalaise ?
C'est vrai qu'au regard des impacts négatifs causés par la pandémie de la Covid-19 à l'échelle mondiale, le secteur touristique est l'un des plus affectés. Les plus grandes destinations ont souffert de la cessation nette et subite des entrées touristiques domestiques et internationales. Mais vous l'aurez constaté, le gouvernement du Sénégal a vite mis en place le mécanisme de relance après le Programme de résilience économique et sociale (Pres). Aujourd'hui, plusieurs projets et programmes sont en cours dont l'aménagement et le développement de plusieurs zones touristiques : Pointe Sarène, Mbodiène et Kafoutine-Abéne. Cela a favorisé l'arrivée de grands opérateurs comme Rui et Tui. L'objectif visé étant de 5 millions de touristes en 2025 avec une contribution au Pib de l'ordre de 7 %. C'est pour dire que le potentiel est identifié et les moyens seront mis en œuvre pour maintenir le dynamisme en cours pour booster davantage l'économie nationale.
Lors du Conseil des Ministres du 19 octobre 2022, le Président avait demandé, en perspective de l'ouverture de la saison touristique, la tenue d'un conseil interministériel. Où en êtes-vous
Effectivement, lors du conseil ministériel 19 octobre 2022, des instructions ont été données en vue de préparer le conseil interministériel en prélude de l'organisation de la journée de lancement de la saison touristique. A cet effet, un comité technique été mis place pour élaborer un rapport introductif qui est, à présent, terminé et disponible. Egalement, un Comité régional de développement (Crd) a été tenu à Pointe - Sarène à l'issu duquel les termes de référence et le programme ont été définis. A ce sujet, nous restons à l'attente d'un calendrier favorable des plus hautes autorités pour la tenue du conseil interministériel et l'organisation de ladite journée en rapport avec les professionnels du reste.
Au cours de ce même conseil des Ministres, le Chef de l'Etat avait parlé de la nécessité de développer les zones touristiques émergentes (Pointe Sarène, Mbodiène, Joal Finio, îles du Saloum et la basse Casamance). Comment cette directive présidentielle devrait-elle se traduire ?
Justement c'est lors du Conseil des ministres du 11 janvier que le Chef de l'Etat nous a instruit d'engager, avec les professionnels du secteur et les autres parties prenantes, des concertations en vue du développement des zones touristiques émergentes notamment, Pointe-Sarène, Mbodiène, Joal Finio, iles du Saloum et Kafoutine-Abéne, etc. Cette instruction est en cours de mise en œuvre et devrait s'accompagner d'une cartographie précise des zones et sites d'intérêts touristiques. Egalement, le Chef de l'Etat a demandé la redynamisation du crédit hôtelier et touristique pour promouvoir les investissements sur les sites précités avec comme corollaire, la création d'emplois en vue de consolider le Pacte de stabilité social.
A titre illustratif, les aménagements sont réalisés pour la tranche ferme à plus de 80 % notamment la voirie, l'adduction d'eau potable, l'assainissement des eaux usées-eaux pluviales le système d'éclairage et sur la tranche conditionnelle à plus de 70 % (voirie et station de pompage) pour Pointe Sarène. Pour les autres sites, certains font l'objet d'études techniques en cours de finalisation et de validation et, pour d'autres, les aménagements seront réalisés pour accompagner le développement touristique.
Le Crédit hôtelier a été d'un grand apport pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire. Le patronat déplore, cependant, des lenteurs dans les décaissements. Avez-vous la même lecture ?
Comme je l'ai dit plus haut, le secteur touristique dans son ensemble a été très affecté par la crise sanitaire, nécessitant le soutien du Chef de l'Etat pour atténuer les chocs sociaux économiques. C'est ainsi qu'à travers le Crédit hôtelier et touristique (Cht), le gouvernement du Sénégal a pris l'engagement d'accompagner la quasi-totalité des requérants, d'abord dans le cadre du fonds de résilience. Naturellement, l'objectif assigné, au départ, au ministère du Tourisme, était de sauver les entreprises en préservant leur outil de travail d'une part et de sauvegarder les emplois d'autre part.
Cependant, il faut préciser que ce financement était destiné à prendre en charge les besoins en fonds de roulement pour le paiement des salaires pour 70 %, des factures d'eau et d'électricité ainsi que des dépenses liées à l'entretien du matériel d'exploitation à hauteur de 100 %. Durant la relance, le crédit hôtelier a également mobilisé des financements importants pour les réceptifs hôteliers à travers le territoire national. Le département est en train de mettre des mécanismes de financement additionnels avec le Fongip pour optimiser l'effet de levier des fonds mis en place par le gouvernement sous l'impulsion du Chef de l'état.
Au Sénégal, l'activité touristique est concentrée sur la Petite côte, les îles du Sine-Saloum, à Saint-Louis et en Casamance. Que faut-il faire pour booster ce secteur dans les autres parties du pays où des sites touristiques ne manquent pas certainement ?
Il y a effectivement plusieurs sites touristiques attractifs à travers le pays. Il est vrai que certains sites comme l'île de Gorée, Ngor, l'ile de la Madeleine, Yoff, le Lac rose, le Monument de la Renaissance sont bien connus. Nous sommes en train de procéder à la mise en tourisme d'autres sites dans toutes les autres régions du pays. Le développement de ces zones constitue une réponse concrète du département pour la territorialisation des politiques publiques telle que définies dans l'acte 3 de la décentralisation.
Quel commentaire vous inspire la nouvelle embellie du tourisme sénégalais avec la récupération des plages à Saly, l'essor de Pointe Sarène et le retour en force des touristes ?
Cette embellie conforte le fort potentiel touristique du Sénégal. En plus de l'offre balnéaire, notre pays dispose d'un vaste patrimoine historique et culturel très attractif. Le processus de relance du secteur a déjà montré des opportunités très intéressantes. Le Chef de l'Etat, dans sa vision, a institué un Plan de résilience économique et social (Pres) pour soutenir les acteurs du Tourisme et des loisirs avec la suspension de certaines taxes, le renforcement du crédit hôtelier et touristique et la promotion du tourisme local. Encore une foi, retenez que le département reste sur cette dynamique impulsée par le Chef de l'Etat, à travers sa vision définie dans le Pse.