Washington — Selon les services de renseignement américains, le groupe paramilitaire russe Wagner a ourdi un complot visant à assassiner le chef de la junte qui dirige le Tchad, le général Mahamat Idriss Deby.
La révélation, faite dans les colonnes du quotidien américain Wall Street Journal dans sa livraison de ce jeudi, cite des sources officielles aussi bien occidentales qu'africaines, sans toutefois les nommer.
D'après le Wall Street Journal, Washington dispose de preuves "crédibles" que Wagner collabore avec le FACT, un groupe rebelle tchadien basé en Libye voisine. C'est ce groupe qui avait revendiqué avoir tué le maréchal du Tchad, Idriss Deby Itno. Ce dernier avait dirigé le pays de 1990 jusqu'à sa mort sur le champ de bataille en avril 2021.
Le quotidien précise que les autorités américaines ont déjà signalé le complot à N'Djamena.
Démenti de Wagner
Le général Mahamat Idriss Deby, 39 ans, est le fils du défunt maréchal. Il accède au pouvoir en avril 2021 après la mort de son père et promet un retour à l'ordre constitutionnel après une période de transition. Mais le 1er octobre 2022, la junte prolonge de deux ans la période de transition vers des élections et maintient à la tête de l'Etat le général Mahamat Deby qui, de surcroit, sera autorisé à briguer la présidence.
La rue gronde et le 20 octobre 2022, des manifestations éclatent à N'Djamena et dans d'autres localités. Ces manifestations sont rudement réprimées par les forces de l'ordre, selon l'ONG Human Rights Watch. Officiellement, le gouvernement admet une cinquantaine de morts, tandis que des observateurs indépendants parlent de plus d'une centaine de personnes tuées.
Début janvier 2023, le gouvernement tchadien affirme avoir déjoué une "tentative de déstabilisation" en décembre impliquant des officiers de l'armée. Berdei Targuio, un militant des droits humains, est placé "sous mandat de dépôt" dans le cadre de cette affaire.
Contactées jeudi par la VOA, les autorités tchadiennes, aussi bien à N'Djamena qu'à l'ambassade du Tchad à Washington, n'ont pas réagi pour l'heure. Pour sa part, le chef de Wagner, Evguéni Prigojine, a rejeté le reportage du Wall Street Journal comme "sans fondement".