36 ans après son assassinat, Thomas Sankara est de retour dans l'enceinte du Conseil de l'entente à Ouagadougou pour y être inhumé ce jeudi (23.02.2023) de même que ses 12 compagnons.
Le 15 octobre 1987, à la suite de l'assassinat de Thomas Sankara qui a porté Blaise Compaoré au pouvoir, le leader de la révolution burkinabè et ses douze compagnons avaient été enterrés à la sauvette à Dagnoen, un cimetière à la périphérie de la capitale. Son inhumation ce jour divise sa famille et le pays tout entier.
"Nous vous demandons solennellement de faire suspendre cette inhumation au Conseil de l'entente", a fait savoir Blandine, la soeur de Thomas Sankara.
Les larmes de Blandine Sankara n'auront pas suffi pour convaincre les autorités de la transition d'inhumer son frère Thomas Sankara et ses 12 compagnons en dehors du siège du Conseil de l'entente, où ils furent exécutés le 15 octobre 1987.
Certaines familles des victimes de ce drame, avec en tête Mariam Sankara, veuve de l'ex-président du Burkina Faso, avaient menacé de ne pas prendre part aux obsèques.
Contrairement à cet avis, la famille Sankara y était représentée à travers entre autres le frère cadet de Thomas Sankara, Valentin, peu loquace : "C'est un soulagement... "
Cette participation à l'inhumation du père de la révolution burkinabè divise l'opinion publique et bien entendu la famille. Un proche de la famille Sankara joint au téléphone affirme n'avoir jamais mandaté quelqu'un pour la représenter.
Le panthéon des héros
L'activiste Serge Bayala, estime néanmoins que le Conseil de l'entente est le cadre idéal pour inhumer l'ancien président burkinabè et ses compagnons.
"Dans les décisions qui se présentent, tel le lieu pour inhumer les restes, on a quand même vu passer des lettres officielles. Des ayant droits qui choisissent le lieu sans tenir compte de l'effort bénévole que des hommes et des femmes font pour maintenir la mémoire vivace. C'est poser un acte d'ingratitude morale", a déclaré Serge Bayala.
Un avis que ne partage pas le chef coutumier et homme de culture, Pacéré Titenga, qui a une toute autre idée au sujet de l'inhumation des personnalités burkinabè.
"Je souhaitais un panthéon des héros et Thomas Sankara serait le premier à y être admis. Il faut savoir que la révolution a eu à commettre des bévues. Il y a eu un document qui a parcouru tout le pays disant : madame Sankara, votre mari a fait aussi des veuves... Certainement pas par Thomas Sankara mais on lui fait endosser tout. Deux à trois personnes au maximum pourraient aller dans le panthéon des héros", a estimé le chef coutumier.
Même mort, Thomas Sankara passionne les débats autour d'intérêts divergents et repose peut-être cette fois définitivement au Conseil de l'entente, site abritant un projet de Mémorial qui lui est dédié.