L'Institut africain d'études cinématographiques (INAFEC) a fermé ses portes en 1987. Au bout de quelques années, l'impact de l'absence de cette institution sur la qualité des produits cinématographiques nationaux est indéniable. C'est ainsi que l'Institut supérieur de l'image et du son-Studio-école (ISIS/SE) et l'Institut Imagine ont vu le jour. Aperçu sur des structures professionnelles offrant des possibilités de formation initiale et de perfectionnement dans l'ensemble des métiers liés au cinéma, à la télévision et au multimédia.
Pour les besoins des acteurs spécialisés dans les métiers de cinéma, le monde du paysage cinématographique et audiovisuel burkinabè a souhaité la création de structures de formation. Ainsi, l'Institut supérieur de l'image et du son/Studio-école (ISIS/SE) a été créé en 2006 par l'Etat à la suite de la disparition de l'Institut africain d'études cinématographiques (INAFEC) autrefois logé à l'université de Ouagadougou.
En plus de cela, il a été constaté à cette période que la génération formée à l'INAFEC présentait un vieillissement physique avec en toile de fond une absence de relève. L'ISIS est la seule école qui fait la formation initiale. Il forme au niveau universitaire, les étudiants y rentrent avec le baccalauréat et poursuivent les cours jusqu'à la licence et après, ils continuent les études dans les écoles supérieures d'Europe.
Avec l'expertise des produits de l'ex-INAFEC, l'ISIS a mis sur pied un plateau technique suffisamment complet pour permettre à ses étudiants de sortir avec des connaissances acceptables dans le milieu professionnel. Sa mission essentielle, selon ses premiers responsables, est de former les cinéastes, les techniciens, les instrumentistes et les techniciens créateurs: scénaristes, réalisateurs, producteurs, cameramen, directeurs de la photo, ingénieurs de son, monteurs, truquistes et acteurs.
Aujourd'hui, il a formé plusieurs centaines de personnes de diverses nationalités. Ces formés font la fierté de l'établissement. Pour le Directeur général (DG) de l'ISIS, Bangbi Francis Frédéric Kaboré, l'Etat burkinabè n'a pas eu tort de créer cette institution parce que se former au cinéma coûte très cher. A titre illustratif, il a confié que dans son école, les scolarités, par an, varient entre 650 mille FCFA à un million FCFA en fonction de la catégorie de l'étudiant. M. Kaboré a révélé que sous d'autres cieux, elles sont plus lourdes, à savoir quatre millions FCFA au Maroc et plus de sept millions FCFA en Afrique du Sud.
A entendre le DG de l'ISIS, l'Etat a accepté ce sacrifice pour satisfaire le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). " L'étudiant, une fois qu'il est rentré dans cette école, est accompagné jusqu'à la production de son film pris en charge par l'Etat ", a-t-il déclaré. En outre, M. Kaboré a laissé entendre que ses étudiants sont beaucoup sollicités dès la 2e année parce que la demande est assez forte. "Ceux qui ont fini, ils sont tous employés. Ils se vendent même bien à l'étranger.
Il y a des pays actuellement où toute la crème du cinéma et de l'audiovisuel a été formée de façon basique au Burkina Faso, notamment le Gabon ", a-t-il expliqué. Avant la naissance de l'ISIS/SE, l'Institut Imagine a été créé en février 2003 pour offrir sur place, des possibilités de formation initiale et de perfectionnement ainsi que des " formations des formateurs " dans l'ensemble des métiers liés au cinéma, à la télévision et au multimédia. Selon les fondateurs, Imagine est un lieu où se transmettent le savoir et le savoir-faire, où se communiquent la passion de l'invention des histoires et l'art du récit, un lieu d'éclosion et de stimulation des talents.
Il est un lieu d'apprentissage et de transmission grâce à des dispositifs d'enseignements sous la forme d'ateliers professionnels de deux à six semaines de durée (écriture de scénario, production, réalisation, prises de vues, prises de sons, montage, mixage, formation des acteurs, direction d'acteurs, etc). Pour le secrétaire technique du Centre national de la cinématographie et de l'audiovisuel, Evariste Poda, l'Institut Imagine de Gaston Kaboré fait la formation continue pour renforcer les capacités.
"Il accueille généralement des étudiants après quelques années de pratique qui veulent découvrir tel ou tel équipement dans le sens du renforcement des capacités ", a-t-il souligné. M. Poda a aussi fait cas de l'Ecole nationale d'administration et de magistrature (ENAM) qui forme des professionnels du cinéma, mais plus centré sur l'administration du cinéma. A l'entendre, l'ENAM n'est pas une école de cinéma, parce qu'une école de cinéma allie théorie, mais beaucoup plus de pratiques alors qu'elle n'a pas de plateau technique.
Il a ajouté que les formés de l'ENAM sont des administrateurs, ils sont outillés pour les questions de politiques, d'orientations et de perspectives en matière de cinéma. Par ailleurs, de son avis au sein de l'université Joseph-Ki-Zerbo de Ouagadougou, il y a un département qui fait la formation en cinéma, mais dans le volet recherche. Il en est de même pour l'université Aube-Nouvelle qui a ouvert une filière dans le même domaine. Au sujet des difficultés que rencontrent ces centres de formation, les responsables pointent du doigt le renouvèlement des équipements.
Ainsi, Bangbi Frédéric Kaboré a déclaré que sa structure est engagée dans un domaine très dynamique sur le plan technologique. "Nous devrions suivre l'évolution technologique du domaine parce que c'est à nous d'expérimenter les nouvelles technologies afin d'attirer l'attention des professionnels qui sont sur le terrain sur l'opportunité de changer ou de ne pas changer ", a-t-il martelé. Pour ce qui est de la qualité des productions cinématographiques burkinabè de ces dernières années, le DG de l'ISIS a reconnu qu'elles n'ont pas toujours été forcément bonnes.
Pour lui, le cinéma est un langage qu'on apprend. Si on ne l'apprend pas à l'école classique, formelle, on l'apprend à l'école de terrain. Mais, à l'en croire, beaucoup d'apprenants sont trop pressés et ne veulent pas venir à l'école. " Je vais vous dire une chose : pour faire un film c'est comme écrire un roman, un ouvrage littéraire, scientifique ", a-t-il clarifié. Pour Evariste Poda, un comédien ne devient pas du jour au lendemain un réalisateur. " Ceux qui ont fait l'école savent qu'on ne fait pas le cinéma sur un simple coup de tête. Il faut aller pas à pas pour apprendre sur le terrain en passant par les courts métrages ", a-t-il rappelé.