Quatre pays africains - Madagascar, le Mali, le Maroc et le Soudan du Sud - ont fait évoluer ces derniers mois leur vote sur les résolutions de l'Assemblée générale de l'ONU concernant la guerre en Ukraine. Jeudi 23 février, les Maliens ont ainsi voté contre un texte condamnant l'intervention militaire de la Russie. Explications.
Trente votes pour, 22 absentions ou absence au moment du scrutin, et deux contre : telles ont été les positions exprimées jeudi 23 février à l'Assemblée générale de l'ONU par les pays du continent africain sur la résolution appelant la Russie à " retirer ses forces " armées hors d'Ukraine.
On a ainsi noté l'abstention du Burkina Faso, du Sénégal, de l'Afrique du Sud, et même du Gabon, dont l'ambassadeur dit regretter l'absence d'initiatives pour la paix ou le dialogue. Mais, fait nouveau, certains pays africains ont pris une position qui n'étaient pas la leur l'année dernière au moment du déclenchement de la guerre.
Le Mali s'oppose, Madagascar approuve
Le Mali s'est ainsi joint publiquement aux alliés historiques de la Russie. Il a voté contre la résolution que proposaient les Européens. Sur le grand panneau dominant l'Assemblée générale à New York, on a donc pu voir Bamako afficher une croix rouge pour affirmer son choix, imitant ainsi la Russie, la Biélorussie, la Syrie, la Corée du Nord et le seul pays africain à voter jusque-là avec Moscou : l'Érythrée.
Ce n'était pas le cas les fois précédentes. Le Mali s'était abstenu en mars 2022, lorsqu'il avait été question de condamner l'invasion russe. Et l'ambassadeur malien s'était aussi abstenu en octobre dernier, lorsqu'il avait été question de condamner l'annexion par la force de quatre régions ukrainiennes par Moscou.
A contrario, certains pays africains ont, eux, choisi de changer leur vote et d'approuver la résolution. Parmi eux, il y a Madagascar, jusque-là abstentionniste et dont le Premier ministre avait dit l'année dernière qu'il ne prendrait " pas parti " dans le conflit, et qui avait jusque-là cultivé une certaine ambiguïté dans ses rapports avec Moscou. Cette fois, la porte-parole du gouvernement malgache a dit ce vendredi à RFI que le vote d'hier avait été surtout motivé par sa volonté d'affirmer le " principe de l'intégrité territoriale des États souverains ".
Et s'agissant du limogeage du ministre des Affaires étrangères, en octobre, après qu'il avait voté à l'ONU contre l'annexion des territoires ukrainiens, elle a souligné qu'il s'agissait de sanctionner non pas le contenu du vote, mais le fait que le ministre concerné n'avait pas au préalable consulté sa hiérarchie.
Le Maroc clarifie sa position
Il y a le Maroc, ensuite, qui, à la surprise générale, n'avait pas pris part au vote pour condamner l'invasion l'année dernière, mais qui avait condamné les annexions en octobre. Le Maroc entretient des liens économiques avec la Russie, mais il est également très lié aux États-Unis, notamment pour l'entretien de son armement lourd : pour son vote d'hier, on peut donc plutôt parler d'une clarification.
Et enfin, le Soudan du Sud, qui est un pays historiquement proche de Washington et très dépendant de l'aide internationale, n'est plus abstentionniste.