En Afrique du Sud, les défenseurs de la cause ukrainienne peinent à mobiliser face à la neutralité affichée par leur gouvernement face à la guerre déclenchée par la Russie le 24 février 2022. Des autorités sud-africaines qui se sont une nouvelle fois abstenus de voter une résolution des Nations Unies condamnant le conflit en Ukraine.
L'Afrique du Sud, depuis le début de la guerre en Ukraine le 24 février 2022, a poursuivi sa stratégie historique de non-alignement, refusant de condamner Moscou et s'abstenant une nouvelle fois le 23 février 2023 lors d'un vote sur ce conflit devant les Nations Unies.
Le pays a même reçu récemment la visite du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et en ce moment même, des exercices militaires maritimes se déroulent au large de la côte Est, menés conjointement avec la Russie et la Chine.
Les défenseurs de la cause ukrainienne dans le pays peinent donc à mobiliser l'opinion publique. Quelques petits rassemblements sont prévus sur tout le territoire, cette semaine, pour condamner la guerre.
Anastasia Korpeso, de l'Association des ukrainiens en Afrique du Sud, en a organisé un devant l'ambassade russe de Pretoria. " Comme l'a dit Desmond Tutu, rester neutre face à une situation injuste, c'est en fait prendre le parti de l'oppresseur, lance-t-elle. Nous sommes dévastés par cette position de l'Afrique du Sud, qui de toute façon n'est plus du tout neutre ".
" On est un peu pris entre le marteau et l'enclume "
Une cinquantaine de personnes ont fait le déplacement. Et, parmi eux, plusieurs Sud-Africains sont venus mêler leur voix aux chants, dont Freeman. " Nous, les gens de Soweto et d'Afrique du Sud, nous avons connu un passé très difficile, explique-t-il. Et nous avons vu comment certaines personnes veulent dominer les autres nations. Donc, il est grand temps que nous réagissions et venions ici pour soutenir la cause ukrainienne ".
Mais difficile de mobiliser dans un pays où les problèmes locaux, comme les délestages, prennent le dessus. Liberty n'a pas réussi à motiver beaucoup de ses amis. " Plusieurs personnes considèrent que ça ne relève pas de leur responsabilité, et qu'il faudrait plutôt se préoccuper en priorité des guerres qui se déroulent en Afrique, pour seulement ensuite se soucier de l'extérieur ", estime-t-il.
Thapelo lui, continue son quotidien sans se joindre aux manifestations, et comprend même la position de son gouvernement : " N'oubliez pas que l'Afrique du Sud appartient aux BRICS [un groupe qui rassemble Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, Ndlr], et doit donc y soutenir ses alliés. Mais comme on a aussi des échanges commerciaux importants avec l'Union Européenne, on est un peu pris entre le marteau et l'enclume. "
L'African National Congress (ANC), le parti au pouvoir, appelle toujours au dialogue et aux négociations pour sortir de la guerre.