Madagascar: Lutte contre la corruption - La gouvernance minière cherche le bon filon

Intéressant à plusieurs titres. Le Forum sur la gouvernance minière organisé hier par Transparency International-Initiative Madagascar au Centell d'Antanimena l'a été.

D'abord des constats partagés par tous. Le secteur minier, toutes professions confondues, ne contribue qu'à une infime partie au Produit intérieur brut du pays, avec un potentiel inestimable. Rien que pour l'or " les pertes annuelles sont estimées à 7 tonnes et 90 millions de dollars de devises non-rapatriées ". D'autres analyses avancent des statistiques plus conséquentes.

Puis, un autre aveu. La domination des exploitants informels. C'est sur cette deuxième considération que le Forum sur la gouvernance minière proposée par Transparency International-Initiative Madagascar au Centell d'Antanimena a mis le paquet. Selon des études baptisées " Saving lives ", " les exploitations minières artisanales à petite échelle, EMAPE, génèrent de nombreuses difficultés. L'insécurité par la ruée vers un gisement pouvant déboucher sur des conflits ethniques, les manques à gagner financiers pour les communes et l'État par l'illégalité des activités qui échappent à tout contrôle fiscal, la dégradation de l'environnement, la main mise des gros bonnets sur la chaîne des valeurs, de l'exploitation jusqu'aux exportations... "

Pour Rabary Richard Razafindrazaka, président du Syndicat professionnel minier de Madagascar, il existe des lacunes à combler. " Les petits exploitants miniers malgaches n'ont pas accès aux crédits bancaires. Ils doivent ainsi miser leurs économies ou vendre leurs patrimoines pour s'y investir. Pour moi, c'est une question de volonté politique. Je suis dans le milieu depuis trente ans et je pense que l'actuel ministre des Mines et des ressources stratégiques, Herindrainy Rakotomalala, et ses proches collaborateurs, issus de notre secteur avec des connaissances approfondies des mines, ont fait un travail titanesque pour dépoussiérer cette filière. Par la mise en place des Groupements formels à la base afin de saper cette tendance à exercer dans l'illégalité. Je leur félicite ".

Pour autant, il est convaincu " que le ministère des Mines et des ressources stratégiques devra asseoir sa souveraineté. Les droits à l'exportation des produits miniers de 3%, par exemple, édictés par la loi de finances initiale, ne relève pas de ses compétences. Mais il n'a pas pu défendre nos intérêts. Dans ce contexte, j'attends une affirmation plus soutenue de l'indépendance de notre ministère pour imposer les attentes du Code minier ".

Dans ce cafouillis, l'exploitation aurifère arrive sur la plus haute marche du podium de la désorganisation ambiante. Un autre exposé intitulé " Les flux financiers illicites et la corruption dans le secteur de l'or à Madagascar, les cas de Dabolava et Betsiaka " , a été aussi présenté. L'un de ceux qui ont finalisé ce dossier, ayant au l'appui de nombreux organismes internationaux, Clément Rabenandrsana n'a pas hésité à dénoncer " l'abus de pouvoir des élus et leurs assistants, des autorités locales et des sponsors qui dictent leur volonté sur les petits exploitants envoyés au fond des gisements pour n'en récolter que des miettes des ventes de l'or en surface ". Il a aussi révélé l'arrivée des " sponsors " sur ces transactions à coup de milliards d'ariary pour s'approprier les trous les plus productifs.

Derives autoritaires

À Betsiaka, il a souligné l'existence des " Fatana " ou roche-mère, " un système tout à fait illégal au regard du Code minier qui impose les carrés, mais accepté. Plusieurs dérives autoritaires ont été enregistrées. Des magistrats ont ordonné de squatter le " Fatana " des autres sans être inquiétés du tout ". Un représentant du ministère de la Justice présent au Centell, a rétorqué " qu'il existe le Conseil suprême de la magistrature pour examiner ces cas douteux, s'ils sont avérés. La plateforme en ligne e-toroka est aussi fonctionnelle pour dénoncer ce genre de comportement indigne de la profession ". Clément Rabenandrasana, peu enthousiasmé par cette déclaration " l'a prise comme un soutien moral. Car les réalités sur le terrain est tout autre " a-t-il déploré. Dans sa diatribe, il aussi évoqué l'existence de l'évasion de l'or. " Des pépites de Betsiaka peuvent être formalisées à Ampanihy et ce chef lieu de district amasse les dividendes qui en découlent. Sans rien produire ".

Clément Rabenandrasana a conclu par une interrogation " où en est l'affinage de l'or à la Banque centrale pour devenir de l'or monétaire. Les Malgaches ont le droit de savoir la finalité de cette opération ".

De cette rencontre riche en idées, tout le monde attend du concret. Au lieu de se lamenter sur ce mur de l'incompréhension.

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