En Tunisie, la communauté ivoirienne subit les répercussions de la charge violente menée mardi dernier par le président tunisien Kaïs Saïed, qui appelait à prendre des " mesures urgentes " pour lutter contre l'immigration subsaharienne irrégulière.
Ange Seri Soka, président de l'Union des Ivoiriens en Tunisie et responsable de la délégation de la Fondation ivoirienne des droits de l'homme et Observatoire de la vie politique (FIDHOP) en Tunisie, dit avoir reçu plusieurs signalements d'arrestations arbitraires, d'agressions et de viols parmi les ressortissants ivoiriens, qui n'osent pas porter plainte.
Il rapporte aussi que les propriétaires et employeurs tunisiens ont été appelés à expulser et à renvoyer leurs travailleurs subsahariens sans carte de séjour. Explications au micro de notre correspondante à Abidjan, Marine Jeannin, qui l'a joint au téléphone.
" La situation en Tunisie est devenue très, très grave. Nous constatons que nos compatriotes sont jetés dans les rues. L'État [tunisien] demande à ce que tout Tunisien qui héberge un étranger qui n'est pas en règle [le] sorte immédiatement de sa maison... Ou le propriétaire de la maison encourt une peine de quinze jours de prison. Du coup, les responsables des maisons sont dans l'obligation de chasser toutes ces personnes qu'ils hébergent chez eux.
Les patrons [des entreprises] où nos frères subsahariens travaillaient ont eu, eux aussi, un avertissement, pour renvoyer tous les Subsahariens, en Tunisie, qui n'ont pas de carte de résident. Du coup, nous avons toute la communauté subsaharienne, noire, en Tunisie, qui ne travaille pas aujourd'hui. Qui ne peut pas non plus sortir des maisons, parce qu'il y a ce qu'on appelle des abus de pouvoir. Ces compatriotes-là n'ont pas de documents. Ils ont peur. Donc, il y a des personnes qui profitent de cette situation pour faire ce qu'elles veulent de nous. "