Ile Maurice: Révélations de Bhadain - Le doute plane toujours sur l'identité du ministre impliqué...

25 Février 2023

Les accusations portées par Roshi Bhadain contre un ministre du gouvernement sont très graves.

Le ministre en question, selon le leader du Reform Party, aurait sollicité un pot-de-vin de Rs 27 millions auprès d'une grande firme privée locale en échange d'un contrat valant plusieurs centaines de millions de roupies. La commission, qui n'a pas encore été payée au ministre, allait être versée hier sur le compte d'un courtier à Singapour. On ne sait pas clairement toutefois si ces Rs 27 millions étaient destinées au ministre seulement ou auraient été partagées avec les trois complices qui ne seraient nuls autres que deux employés de la firme privée et le courtier.

Pourquoi le leader du Reform Party n'a-t-il pas attendu que la transaction soit complétée, c'est-à-dire que l'argent soit versé sur le compte singapourien pour qu'il n'y ait aucun doute possible ? Roshi Bhadain a expliqué que s'il a décidé de rendre cette affaire publique avant l'exécution de la transaction, c'est parce qu'il veut agir en patriote et ne pas laisser la corruption se faire.

On ignore également si le dévoilement de cette affaire conduira à l'annulation du contrat valant plusieurs millions de roupies lui-même. Selon nos renseignements, la direction de la firme privée n'était pas au courant du pot-devin et de l'implication de ses deux employés.

La deuxième question qui se pose, pourquoi Bhadain n'a-t-il pas dévoilé les noms des personnes impliquées, y compris celui du ministre ? Selon toute vraisemblance, s'il l'avait fait, on lui aurait répondu d'aller faire une déposition à l'ICAC. Mais, comme il l'a dit lui-même, il n'a confiance ni en l'ICAC, ni en la police. Selon un avocat que nous avons contacté, l'ICAC aurait alors débarqué au ministère concerné, saisi les documents compromettants et rangé le tout dans un tiroir indéfiniment. Par contre, en renvoyant la balle dans le camp du Premier ministre, Bhadain s'attend à des actions immédiates contre le ministre impliqué, cela ressemble à une bonne tactique puisque toute la responsabilité retombe dorénavant directement sur les épaules du seul Pravind Jugnauth. Alors que si le dossier était aux mains d'autres institutions, on aurait pu assister au jeu bien connu du "pa mwa sa li sa !", explique-t-on.

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Un autre homme de loi approuve cette stratégie. "Si l'affaire avait été référée à l'ICAC par Bhadain, cela aurait donné quatre portes de sortie au PM s'il était interrogé au Parlement ou par les journalistes. Il aurait dit qu'une enquête est en cours et que l'on ne peut en parler ; que l'enquête est confidentielle selon l'article 81 de la POCA ; que le ministre accusé doit bénéficier de la présomption d'innocence et enfin "atann, nou ava gété.'" Si Bhadain n'est pas allé à l'ICAC, rien n'empêche le PM de le faire comme dans le cas de l'ex-présidente de la République... "

Selon notre interlocuteur, "si c'est le PMO qui réfère le cas à l'ICAC, je vois mal le ministre accusé être maintenu à son poste alors que c'est le gouvernement lui-même qui a référé le cas à la commission anticorruption"."La seule porte de sortie pour le gouvernement et le ministre est de référer anonymement l'affaire à l'ICAC sans que cette dernière mette une accusation provisoire contre le ministre, comme c'est le cas pour certains. Le PM dira alors d'attendre la fin de l'enquête préliminaire, qui prendra tout son temps."

Pour rappel, Roshi Bhadain a déclaré que toutes les informations sur ce pot-de-vin ont été communiquées au Premier ministre. Du côté du gouvernement, on nous confirme que le Premier ministre a bien reçu le message et aurait même demandé des précisions. Il est clair que le PM n'a pas beaucoup d'options - le silence, le déni ou alors des actions. Dans les deux premiers cas, il est certain que Bhadain reviendra à la charge avec des informations supplémentaires.

Mais il y a une quatrième éventualité et nous l'apprenons de la bouche même d'un haut placé du gouvernement. On nous a ainsi fait comprendre que si ces accusations sont avérées, le ministre concerné sera sanctionné en n'obtenant pas de ticket aux prochaines élections. Pourquoi le ministre ne serait-t-il pas révoqué et poursuivi au pénal ? avonsnous demandé. "Nous laissons les institutions comme l'ICAC et la police faire leur travail. S'il y a une charge provisoire contre lui, il devra alors démissionner." Et s'il n'y a pas de charge provisoire ? "On ne peut pas révoquer un ministre rien qu'en se basant sur des allégations."

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